Hommages International

Chili, 50 ans après. Les nostalgiques de Pinochet sont toujours présents.

Teresa Montiel, Naintré

Après le le coup d’État du 11 septembre 1973, Teresa Montiel a du s’exiler avec sa famille. Ils ont passé de nombreuses années dans la Vienne où elle réalisé trois fresques encore visibles aujourd’hui (*). Elle accepté d’illustrer notre journal et d’y témoigner.

Vienne Démocratique – 50 ans après le coup d’État y a-t-il encore au Chili des gens qui se réclament de Pinochet ?

Teresa Montiel – Oui, les nostalgiques de Pinochet sont toujours présents. Les fascistes et la droite s’entendent très bien pour défendre l’impunité sur les crimes commis pendant la dictature, ils disent « il faut tourner la page pour la réconciliation, il faut oublier ». Ils regrettent de ne pas avoir réussi à écraser définitivement toute pensée alternative. Comme Pinochet ils veulent assassiner la démocratie… mais ce n’est pas qu’au Chili. Le Chili a été et est toujours un « laboratoire ».

Les USA considèrent toujours que l’Amérique du sud est leur « chasse gardée »

VD – 50 ans après le coup d’État de Pinochet où en est-on ?

TM – L’élection du président de gauche Boric a été une bonne nouvelle, mais son pouvoir est limité car il ne dispose pas d’une majorité à l’assemblée. La droite détient encore presque tous les pouvoirs en particulier économique et médiatique. Les grands médias ont joué un grand rôle dans la campagne référendaire sur la nouvelle constitution. Ils ont réussi à manipuler l’opinion en faisant croire aux gens qu’ils perdraient le peu qu’ils avaient. Cette constitution représentait un progrès démocratique, un point d’appui pour des progrès sociaux et sociétaux. On est revenu au point de départ (**). Boric est obligé de passer par des médias alternatifs pour communiquer et informer. Sur le plan économique il y a beaucoup de pauvreté, les services publics et les biens communs ont été privatisés sous Pinochet et il y a une mainmise sur les richesses, en particulier les ressources minières (cuivre, lithium…). Les multinationales États-Uniennes sont très présentes et défendent leurs intérêt. Les USA considèrent toujours que l’Amérique du sud est leur « chasse gardée ».

VD – Y a-t-il des perspectives de changement ?

TM – L’élaboration de la constitution a mobilisé beaucoup de gens, il y a eu de la participation, de l’auto-organisation, une conscience s’est développée. Le confinement a cependant un peu cassé cet élan. Au Chili comme dans les pays voisins de nouveaux leaders émergent, qui contestent les politiques ultra-libérales. Il y a de l’espoir mais c’est difficile car la droite est très active, revancharde voire haineuse.

Entretien réalisé par Yves Jamain

Les brigades Ramona Parra

Teresa Montiel, Fresque, Fédération de la Vienne du PCF

Les fresques de Teresa visibles dans la Vienne reprennent une technique développés par les brigades de peinture murales Ramona Parra (jeune militante assassinée lors d’un massacre en 1946) crées en 1968 par le Parti Communiste Chilien. Il s’agissait de contrer la communication de la droite qui avait beaucoup de moyens. Cette technique permettait d’exécuter très vite (et clandestinement) une peinture murale à plusieurs : un dessinateur traçait les contours, et les autres remplissaient les contours avec chacun une couleur.

 

(*) au pôle scolaire Pablo Neruda à Naintré, aux arènes de Poitiers et à la fédération du PCF86

(**) Suite à un grand mouvement social en 2020, une assemblée constituante a été chargée de rédiger une nouvelle constitution pour remplacer l’actuelle, héritée de Pinochet. Elle a été rejetée par referendum le 4 septembre 2022. Une autre assemblée constituante est chargée d’en rédiger une nouvelle…

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