Conférence de presse du PCF86, 11 septembre 2023 :
“Lorsque Augusto Pinochet renversa le président Salvador Allende, le Chili vivait depuis trois ans au rythme de réformes structurelles inédites. Le formidable élan de l’Unité Populaire, large coalition politique allant de l’extrême-gauche au centre-gauche, dont faisait partie le Parti Communiste Chilien, avait soulevé un immense espoir. Le choc a donc été rude pour les Chiliens, et pour tous ceux qui, nombreux dans le monde, suivaient avec attention cette expérience.
C’est bien sûr d’abord l’horreur qui choque : tortures jusqu’à la mort, exécutions, disparitions, la liste est longue des exactions du « boucher de Santiago » et de ses sbires inspirés et même formés par des militaires Français qui ont exercé leurs talents en Amérique du sud après avoir sévi en Algérie. Ils l’ont fait en particulier dans le cadre du sinistre « Plan Condor » initié par Pinochet. Cette véritable internationale du terrorisme d’État qui avait pour objectif d’éliminer physiquement les opposants. Encouragée par les États-Unis, cette répression extrême s’est soldée par au moins 50000 assassinats, 30000 disparus, 400000 prisonniers et près de 4 millions de sud-américains qui se sont exilées. Henri
Kissinger, secrétaire d’État de Nixon ne déclarait-il pas après l’élection d’Allende, dans une réunion entre les dirigeants américains et la CIA « je ne vois pas pourquoi nous nous croisons les bras sans agir en regardant un pays devenir communiste à cause de l’irresponsabilité de son peuple ». Tout est dit…
L’Unité populaire qui trois ans après son arrivée au pouvoir est sorti renforcée des élections de 1973 au congrès est une menace au yeux de la Droite, de l’oligarchie, des grands médias et des États-Unis qui ont toujours considéré l’Amérique du Sud comme son pré carré. Pour eux, le programme ambitieux de nationalisations, de réformes agraires et de réformes sociales qui est mis en œuvre par l’Unité Populaire est insupportable. Toute politique de Gauche dans cette période de guerre froide est un crime de « lèse-émancipation » qu’il faut mater à tout prix.
Il ne fallait donc pas seulement écraser les femmes et les hommes, assassiner la démocratie, mais aussi instaurer un libéralisme agressif, ce qui fut fait avec le concours des « Chicagos Boys », ces économistes adeptes de Milton Friedman. C’est un modèle de capitalisme prédateur qui a inspiré et inspire encore les politiques économiques qui dominent aujourd’hui et font tant de dégâts dans le monde, en Europe et en France. Je ne prendrais comme exemple que la privatisation et la libéralisation du « marché » de l’énergie qui est directement et explicitement inspiré du modèle Chilien, qui se traduit par un désastre pour le porte-monnaie des gens, une captation des richesses par une poignée de prédateurs et un gâchis phénoménal.
Si cet anniversaire prend une réelle importance, c’est donc bien qu’il touche à des questions et à des débats qui traversent la société aujourd’hui. C’est aussi parce que la solidarité internationale qui a eu lieu en 1973 s’est traduite par l’accueil de nombreux réfugiés qui fuyaient la répression du régime Pinochet en France et en particulier dans la Vienne. Le Parti Communiste Français et ses militants ont été des acteurs
importants de cette solidarité concrète. Dans ce parc des expositions de Poitiers, se sont produits les Quilapayún qui étaient en tournée en France au moment du coup d’État et qui ont vécu leur exil en France. On y trouve cette fresque qui reprend leur célèbre chanson créée à cette époque « El pueblo unido jamás será vencido ».
Pour nous, commémorer ce 50ème anniversaire, c’est commémorer la portée politique de ce que fut l’Unité Populaire et c’est une source d’enseignement pour aujourd’hui, au Chili, et en France.
Le PCF de la Vienne participera aux nombreuse événements et prendra lui-même quelques initiatives. En particulier une fresque participative sera réalisé avec Teresa Montiel, artiste Chilienne qui a été exilé dans la Vienne et dont on peut voir encore quelques réalisations, dont la fresque du parc des expositions et celle de l’école Pablo Neruda de Naintré qui a été récemment restaurée. Nous organiserons également à Châtellerault une projection-débat de « Mon pays imaginaire » en collaboration avec France Amérique Latine. Ce film de Patricio Guzmann, qui fait écho à celui qu’il avait réalisé en 1973, relate la formidable rébellion sociale qui a eu lieu en 2019 au Chili qui avait balayé le gouvernement de Droite et débouché sur le processus constituant encore encours.”