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Un besoin réel de desserrer les finances du SDIS86 – Intervention de Florence Harris, conseillère départementale PCF

camionpompiers FH

Monsieur le Préfet, Madame La présidente,

Mesdames et Messieurs en vos qualités respectives et vos grades respectifs.

Ma déclaration s’adresse principalement à Mme la Présidente du SDIS. Cela fait deux ans et demi que je siège en conseil d’administration du service départemental d’incendie et de secours.

J’ai mis du temps pour m’approprier les sujets concernant cet établissement. Je n’ai pas été formée et c’est mon premier mandat d’élue. Et ce n’est pas facile, car je suis dans l’opposition du conseil départemental.
J’ai toujours été une personne sérieuse et consciencieuse. Donc si je siège au conseil d’administration du SDIS, ce n’est pas pour me pointer environ 8 à 10 fois par an dans cette salle et voter les délibérations sans avoir un minimum préparé la réunion, lu les dossiers, être allée à la pêche aux infos. Et si je n’ai pas de réponse aux questions que je me pose, je demande les informations en séance. J’essaie de remplir mon rôle d’administratrice avec les moyens que j’ai et les réponses succinctes que j’obtiens. Je ne considère pas cette institution comme une simple chambre d’enregistrement. Mon seul regret : avoir voté en faveur de la convention 2023-2025 entre le département et le SDIS car je n’en mesurais pas les conséquences.

Je vous prie, Mesdames et Messieurs les agent∙es du SDIS, de m’en excuser.

La semaine dernière, le président du conseil départemental nous a présenté le budget 2024 dans lequel est prévue la dotation qui va être versée au SDIS. Il est inscrit « l’augmentation de 2,2% de subvention au SDIS marque la volonté « forte » du Département de la Vienne d’octroyer les moyens nécessaires au profit des missions de secours ». Cela prête malheureusement à sourire, cette volonté forte. Nous savons que le taux d’inflation en 2023 a atteint 4,9 %. Je m’en suis émue en séance du conseil départemental.
L’année dernière, Ludovic Devergne s’était alarmé de l’effet ciseau pour le budget de fonctionnement. Il est très bien illustré dans un graphique dans le document que vous nous avez fourni. Les recettes augmentent moins vite que les dépenses.

Quant aux investissements, depuis plusieurs années, il n’est fait état que de renoncements. En voici une liste non exhaustive, car je n’ai pas toutes les infos :
• Abandon de l’option tour de manœuvre du centre de secours de Saint-Eloi à Poitiers,
• Suppression d’une ambulance lors du déménagement de la caserne du Pont-Achard vers La Blaiserie ;
• Abandon de l’aménagement du centre de logistique à proximité du siège ;
• Report de la construction du nouveau centre de secours de Lencloître promis depuis 2017.

À la lecture du document Débat d’orientation budgétaire, je constate également une baisse continue du nombre de sapeurs-pompiers volontaires depuis 2020.

Il y a une pénurie chronique de candidatures pour pourvoir des postes de sapeurs-pompiers professionnels.
Monsieur le Directeur, malgré votre optimisme affiché dans le journal d’aujourd’hui, vous allez devoir recruter des sapeurs-pompiers volontaires dans un contexte difficile sur toute la France. J’espère sincèrement que les mesures mises en œuvre cette année seront efficaces.
Je vous souhaite à vous et à vos équipes bon courage.

Une de vos missions principales va être de finir le schéma départemental d’analyse et de couverture des risques. Monsieur Coquelet, jeudi, à la séance du conseil départemental, quand j’ai évoqué ce sujet, vous avez répondu que les besoins n’étaient pas finis d’être évalués. Je n’ai pas osé vous contredire, mais là, c’est aujourd’hui dans la presse : les besoins ont été évalués, et ce depuis longtemps ! Nous sommes dans la phase de définir les moyens pour répondre aux besoins.
Normalement, on définit les besoins et on met les moyens en face. Là, cela va être le contraire. À combien de renoncements allez-vous devoir vous résoudre pour pouvoir mettre les ambitions en adéquation avec les moyens ? Et oui, c’est cela qui arrive quand on ne met pas les moyens en face des idées.

Manifestement, il y a un manque d’anticipation chronique et flagrant de la part de la gouvernance de cet établissement.
Je résume : difficultés au niveau des ressources humaines, problème l’attractivité du métier, matériel vieillissant, manque d’anticipation dans les investissements qui conduisent à des priorisations et des renoncements, etc. Ce manque de moyens en général conduit à des tensions internes mais surtout une dégradation des conditions de travail des pompiers qui se mettent davantage en danger pendant les interventions et qui ne peuvent secourir les gens dans de bonnes conditions avec un périmètre d’intervention toujours plus grand. Les sapeurs-pompiers, aussi bien officiers que sous-officiers, nous ont récemment alerté lors d’un conseil d’administration où le préfet a également exprimé sa plus vive inquiétude, notamment sur les conséquences pour la sécurité de la population : allongement du temps d’intervention, perte de chance et de droits pour les habitants, notamment du monde rural, ambiance morose au sein des sapeurs-pompiers professionnels.
Il y a un réel besoin de desserrer les finances du SDIS. Je vous demande solennellement, Mme La présidente, d’aller voir le président du conseil départemental et de demander de faire un effort. Cela fait presque 10 ans que vous occupez la fonction de présidente du SDIS, votre préoccupation principale devrait être de donner les moyens à cet établissement de fonctionner correctement.

Je rappelle ici la contribution du département de la Vienne : la dotation globale de fonctionnement attribuée par le département revient à 31,36 € par habitant en 2024 (29,48 € en 2022). Moyenne nationale en 2022 : 42,67 € !!!
Benoît Prinçay m’a dit jeudi que les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) ne versent pas suffisamment d’argent au SDIS (il est lui-même président d’un EPCI, donc il doit bien savoir de quoi il parle).
J’ai vérifié dans le document débat d’orientation budgétaire : contribution des communes et EPCI de la Vienne en 2022 : 29,08 € – 31,06 € en 2024. Moyenne nationale en 2022 : 30,69 €. Elles contribuent donc tout à fait correctement !!

C’est le département qui ne joue pas le jeu !! Comme pour le point GIR (groupe iso-ressources) !!

Le département a du mal à lâcher de l’argent pour ses compétences obligatoires, qui visent essentiellement à protéger les populations les plus vulnérables : les enfants, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap, les foyers en détresse social, les personnes en insertion. Je vous parle d’êtres humains et les sapeurs-pompiers sont des êtres humains et travaillent au service des êtres humains. Le département trouve toujours de l’argent pour des projets en dehors de ses compétences.

Madame la présidente, Monsieur le Vice-Président, vous vous enorgueillissez souvent que le SDIS de la Vienne est l’un des moins chers de France… En fait nous avons le département le plus radin de France et dans ce beau département de la Vienne, nous aurons bientôt la population de France la moins bien protégée !

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