Éditoriaux

“Socialisme ou barbarie”

Élu par défaut avec 20 % des inscrits au premier tour et 38 % au second, Emmanuel Macron se gargarisait de la confiance renouvelée des français. Malgré sa tentative de se placer comme unique recours républicain, les électeur.rices n’ont pas souhaité donner de majorité à ses projets antisociaux. Et c’est à la gauche, pourtant menacée de marginalisation il y a encore quelques mois mais qui a su opposer des réponses communes à la hauteur des défis posés par l’ordre dominant, que l’on doit la nouvelle situation politique.

Elle s’est appuyée sur une défiance croissante à l’égard des injustices du capitalisme. Les salaires stagnent, des flots d’argent public alimentent les profits. La maîtrise de l’inflation, pierre angulaire de la promesse néolibérale, ne tient plus alors même que le détricotage des droits collectifs, la mondialisation et l’individualisation du travail continuent de jouer leur rôle pour comprimer la redistribution des richesses par le salaire. Ce que nous vivons n’est pas une simple crise inflationniste, mais une crise du néolibéralisme, comme état contemporain du capitalisme, qui ne peut être résolue qu’en s’émancipant de ses logiques profondes.

Ce que nous vivons n’est pas une simple crise inflationniste, mais une crise du néolibéralisme, comme état contemporain du capitalisme, qui ne peut être résolue qu’en s’émancipant de ses logiques profondes

Face à ce constat, et comme à chaque fois que leur système est mis en cause, la droite et l’extrême-droite feront bloc. Les porosités étaient déjà manifestes lors du précédent quinquennat : répression des mouvements sociaux, lois sécuritaires, utilisation des mêmes concepts contre la gauche (islamogauchisme, wokisme…). Mais ces élections législatives marquent un nouveau cap.

L’absence de consignes de votes claires en cas de seconds tours opposants des candidat.e.s RN aux candidat.e.s NUPES aura eu raison d’une digue héritée du CNR : l’élection de 89 député.e.s d’extrême-droite s’est faite à la faveur d’un marchepied offert par la macronie. Et en prime, le RN obtient deux des six vice-présidences de l’Assemblée Nationale, à la faveur de la complaisance renouvelée de la majorité.

Si nous n’avons pas obtenu la majorité visée, l’élection de 150 député.e.s de gauche et le renforcement du groupe communiste posent les fondations d’une reconstruction et donnent de nouvelles armes aux nécessaires luttes à venir. Les limites ne sont pas à nier, mais ne doivent pas détourner notre regard de nos adversaires. Chaque nouvelle complaisance de la macronie envers l’extrême-droite les rapprochent de la complicité et nous renvoie un peu plus à l’Histoire : dans les années 30, François de Wendel, président du puissant comité des forges, le MEDEF de l’époque, s’écriait « plutôt Hitler que le front populaire ». Craignant le progrès social plus que tout car il est synonyme de leur défaite, les dominants ne se trompent pas.

La barbarie se dessine, il nous revient de contribuer à ouvrir une autre voie de sortie.

Hugo Blossier,

Secrétaire départemental

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