Cette semaine, les Assistants d’éducation (AED) de la Vienne étaient en grève. On peut citer par exemple la fermeture de l’Internat et de la vie scolaire du LP2I depuis mercredi. En règle générale, ces contractuels de la fonction publique sont peu considérés par les directions et le rectorat. Disposant de postes précaires, ils doivent pourtant remplir un grand nombre de missions. Ces difficultés sont accentuées depuis plus d’un an avec le contexte sanitaire : la vie scolaire est indispensable mais trop peu considérée.
Malgré la remontée des problèmes aux directions, leur parole n‘est pas entendue. C‘est pourquoi une semaine de grève a été décidée. Une lettre ouverte des AED du LP2I (à consulter à la fin de l’article – NDLR), soutenue par Sud Éducation et Recherche 86, a été transmise au ministre à l’initiative des AED et de certains professeurs… À ce jour, aucune réponse…
AED, précaires parmi les précaires de l’Éducation nationale
Depuis des années, le statut précaire des AED est dénoncé par les syndicats (CGT, SUD et FSU essentiellement) mais leur situation n’a guère évolué. Plusieurs constats sont faits : statut précaire, rémunération trop basse, absence de formation, horaires parfois à la limite de la légalité et souvent trop peu de considération.
Un sentiment d’injustice certain s’est ajouté notamment quand une grande partie des personnels administratif et technique a reçu une prime covid exceptionnelle et que les AED ont été oubliés. Si des remerciements chaleureux sont venus de la part des directions, un beau discours ne remplit pas un frigo… La majorité des AED vivent sous le seuil de pauvreté. Les contrats sont généralement des 1/2 temps ou 3/4 temps. Ces postes sont essentiellement occupés par des étudiants ou des jeunes diplômés n’ayant pas trouvé d’emploi dans leur branche d’activité. Un AED avec un bac +5 en 3/4 temps travaille donc en moyenne 31h semaine pour un salaire d’environ 930€. De plus, le manque cruel de personnel crée des situations délicates dans de nombreux établissements. Afin de remplir au mieux les missions et de ne pas avoir de défauts d’encadrement, les AED sont amenés à remplacer leurs collègues assez régulièrement (arrêt maladie, formation universitaire, etc). Il y a de nombreux cas d’AED travaillant plus de 24h consécutives sans repos réglementaire. Et pourtant on est bien dans le service public !
Il y a un manque certain d’AED dans les établissements. Quand le bon sens dicte de créer des postes, le rectorat réduit encore plus les équipes de vie scolaire. Comme la mobilisation du LP2I l’a bien montré, sans vie scolaire, le lycée arrête de tourner : pas de gestion des retards, pas de suivi individualisé des élèves, pas d’organisation de soutien scolaire, pas de surveillances des jeunes, pas d’internat, pas de tenue dans de bonnes condition des repas et pas de contrôle du respect des mesures sanitaires par les élèves. Bien entendu les équipes enseignantes font déjà un travail remarquable auprès des jeunes, mais le travail complémentaire avec une vie scolaire efficace est indispensable au fonctionnement d’un établissement scolaire. .
Les AED face à la pandémie : une infanterie de première ligne des établissements scolaire
Les multiples problèmes évoqués ont été accentués durant la pandémie. Les assistant.e.s d’éducation sont sur tous les fronts au sein des établissements. Ils sont en première ligne face aux élèves et parents. Ils font bien plus que de faire respecter les distances de sécurité et le port du masque par les élèves. Ils organisent et coordonnent avec la direction tous les protocoles sanitaires pour la restauration, les salles de cours, l’évacuation des cas positifs et cas contact, etc. Ainsi depuis le début de la crise, plusieurs AED ont travaillé plus longtemps pour gérer l’évacuation de cas contact à des heures parfois très tardives (ex. évacuation de 25 cas contacts de nuit entre 19h et 2h du matin). Pour leur travail durant cette période de crise sanitaire, les AED demandent au gouvernement de pouvoir toucher la prime COVID exceptionnelle qui a déjà été versée aux professeurs et employés administratifs mais pas aux AED. Vu le travail fourni durant cette pandémie mais aussi pour le risque de contamination causé par un contact quotidien avec une population nombreuse, cette demande est plus que légitime.
Les communistes apportent leur soutien à ces travailleurs « invisibles » et précaires. Leurs revendications doivent trouver satisfaction. Ainsi nous invitons les parents d’élève à s’investir dans cette lutte en soutien aux personnels qui s’occupent de leurs enfants. C’est une question d’égalité, de justice sociale et de sécurité.
Lettre ouverte des AED (Assistant.e.s d’éducation) du LP2I au Ministre
Transmise (et soutenue) pour diffusion à SUD Éducation et Recherche 86
Objet : Sommes-nous logés à la même enseigne ?
Monsieur le Ministre,
Nous vous écrivons pour vous faire part de notre indignation quant au sujet d’inégalités pécuniaires qui englobent actuellement notre système sociétal, et notamment la fonction publique. Actuellement Assistants d’Éducation au Lycée Pilote Innovant International (où vous avez effectué une visite il y 3 ans), nous nous retrouvons première ligne de cette épidémie qui nous touche toutes et tous depuis maintenant plus d’un an. Mes collègues AESH, AED et infirmier.e.s scolaires sommes toutes et tous concerné.e.s de près par la situation qui affecte notre système scolaire et plus globalement notre société.
Nous apprenons, par voie de presse, que beaucoup de salariés du privé (et du public) perçoivent, ou vont percevoir, une prime exceptionnelle liée à cette grave situation sanitaire qui touche notre pays et nos concitoyens. C’est normal. L’effort consenti depuis le début de cette crise est sans précédent pour les salariés de tous les secteurs. Il nous apparaît tout de même nécessaire de souligner votre soutien économique durant cette crise sociale, sanitaire et économique qui affecte l’ensemble de notre pays d’un point de vue moral, psychologique.Néanmoins, il est également nécessaire de vous alerter sur la détresse de l’ensemble des AED, AESH et infirmier.e.s scolaires qui se sentent délaissés et non-reconnus de leur travail et de leur soutien indéfectible envers les élèves pour qu’ils puissent suivre une scolarité normale depuis le début de cette crise sanitaire, valeur chère et fondamentale de notre République. Bien plus que d’habitude, ce soutien moral est davantage sollicité et affecte notre travail au quotidien.
Nous sommes aussi en première ligne. Et ce depuis le début. Nous avons malheureusement l’impression que vous n’en prenez pas conscience, que le terme “pion” reprend tout son sens lorsqu’il s’agit de nous désigner et d’évoquer nos missions quotidiennes. C’est pourquoi nous nous me permettons, au nom de l’ensemble des AED, des AESH et des infirmier.e.s scolaires de réclamer une prime exceptionnelle liée à cette situation sanitaire qui touche aussi notre secteur dans ses plus grandes lignes. Le Vie scolaire est un pilier fondamental et unique de notre système scolaire, elle se doit d’être soutenue. Nous vous remercions, Monsieur le Ministre, d’avoir pris le temps de lire ce cri du cœur et nous vous prions d’accepter l’expression de notre haute considération.
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