PCF Services publics Université Vos élus

Laurent Lucaud : “Grand Poitiers ne peut cautionner l’affaiblissement de l’enseignement supérieur public”

Intervention de Laurent Lucaud sur l’implantation d’une école d’ingénieurs privée sur le site du Futuroscope lors du Conseil communautaire du 24 juin 2022 :

“Mme la Présidente, chers collègues, je profite de ce conseil communautaire pour informer l’assemblée de l’implantation d’une école d’ingénieurs privée sur le territoire de Grand Poitiers.

Le récit qui vient étayer la création de l’ESIGELEC sur le site du FUTUROSCOPE met en avant une soi-disant complémentarité avec l’Université de Poitiers et une diversification en termes de formation.  L’école privée annonce ouvrir des formations accueillant des étudiants de niveaux Bac+3 à Bac+5 en alternance, dans le domaine de l’informatique et des sciences du numérique, avec des spécialisations dans le développement logiciel, l’intelligence artificielle et le Big Data.

La communauté urbaine a donné à la Commission des titres d’Ingénieurs un avis favorable à l’implantation de cette structure privée, malgré l’opposition des organisations syndicales représentatives de l’Université de POITIERS, malgré une motion du conseil plénier de l’UFR SFA (Unité de Formation et de Recherches de Sciences Fondamentales et Appliquées) votée à l’unanimité le 17 mai dernier.

La volonté exprimée de notre vice-président en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche, Bastien BERNELA, dans la Nouvelle République le 09 mai, est, je cite : « le projet politique de la majorité communautaire n’est pas de développer l’offre d’enseignement supérieur privé dans le territoire ». Nous partageons son avis et nous serons un soutien à une politique de l’enseignement supérieur entièrement publique.

Par contre nous portons un regard différent et un désaccord avec Bastien BERNELA car nous pensons que cette implantation ne constitue pas, je cite : « une opportunité de diversifier l’offre de formations dans les systèmes intelligents et connectés ». Ceci amène un flou politique du « en même temps » qu’il faut clarifier.

Le danger de cette implantation est, encore une fois, la mise en concurrence des territoires et des savoirs. Elle est bien réelle concernant notre système de soins, notre système de transports, de fournitures d’énergie, de communications (comme nous l’avons vu avec la fermeture de La Poste de Buxerolles).

Les formations proposées par cette école privée entrent en concurrence directe avec les diplômes de niveaux licence et master portés par la faculté des sciences fondamentales et appliquées. Cette concurrence va s’exercer, d’une part, sur les flux d’étudiants, car les recrutements se feront sur le même vivier. D’autre part, ces formations étant ouvertes à l’alternance, elles vont donc intéresser les mêmes entreprises, ce qui va poser un problème d’accueil pour les étudiants et amoindrir les ressources financières pour les formations publiques et la recherche associée. Enfin, cela va également poser un problème en termes de débouchés.

Au vu de ces réalités, Grand Poitiers ne peut cautionner l’affaiblissement de l’enseignement supérieur public.

Grand Poitiers ne peut cautionner la mise en concurrence des services publics de son territoire qui se fera aux dépends de l’intérêt de ses habitants et de ses étudiants.”

Laisser un commentaire