Mobilisations

Marchons pour nos libertés : mobilisation à Poitiers et enjeux de société

À Poitiers comme dans de nombreuses villes françaises, ce samedi a donné lieu à des marches pour les libertés et contre l’extrême droite. Sous le soleil de la place d’armes de Potiers, nous étions quelques centaines de Poitevins à nous mobiliser contre l’avancée des idées d’extrême droite dans notre pays. Cet évènement était à l’invitation large de syndicats, associations et partis de gauche,  à savoir dans la Vienne : la CGT, la FSU, Solidaires, le PCF, le NPA, Ensemble !, la France Insoumise, Génération. s, EELV, ATTAC, DNSI,  la LDH, Education Word, le planning familial, les amis des femmes de la Libération. 

Un signal fort nécessaire : 

Les multiples manifestations sur le territoire sont des signaux forts envoyés à nos concitoyens et à l’extrême droite. Au niveau national, ce sont plus de 120 organisations qui ont appelé à ces rassemblements qui se sont tenus dans près de 150 villes. L’appel national dénonce le climat politique et social nauséabond avec l’envahissement du débat public par les thèmes, mots et analyses de l’extrême droite.et la recrudescence des propos et actes racistes et sexistes. Pointant aussi les dernières lois liberticides, il voulait faire de ce 12 juin le début d’un combat unitaire et dans la durée pour “dessiner l’alliance des libertés, du travail et d’un avenir durable”.

Les exemples locaux et très récents ne manquent pas pour confirmer le constat : tags nazis au collège de Chauvigny, tags sur les locaux du PCF, banderole au slogan raciste déployée à Poitiers, affiches anti-féministes et pro-Zemmour dans un lycée de Poitiers…Il y avait donc besoin que le “peuple de gauche” réagisse pour la défense de ses valeurs, pour la liberté, l’égalité et la fraternité pour lesquelles il a tant lutté face aux fascistes par le passé. La dérive autoritaire macroniste, la mise en concurrence accrue entre tou.te.s,  les discours haineux du Rassemblement National ne sont pas compatibles avec la République sociale et démocratique que nous voulons.

Le Rassemblement National : un parti contre les travailleurs

Les sondages placent le RN à plus de 20%, avec une adhésion importante chez les classes populaires, jeunes et précaires.

L’équipe rapprochée de Marine Le Pen a travaillé longuement à banaliser l’image de ce parti en montrant de nouvelles têtes de gondoles à l’image de Jordan Bardella, jeune peu diplômé, issu des catégories populaires et né en Seine-Saint-Denis, devenu député européen. Le vote des plus racistes ou nationalistes lui semblant acquis, le parti Lepéniste avait ces dernières années amorcé un discours protectionniste trompeur aux accents sociaux pour séduire un électorat populaire désabusé et en mal de repères. Pour 2022, c’est aussi au patronat et aux financiers que le RN s’adresse, les rassurant quant à son éventuelle prise de pouvoir en rangeant toute référence à l’augmentation des salaires ou à la lutte contre l’évasion fiscale par exemple.

Le RN est un parti nationaliste, à la solde de la bourgeoisie. Le parti de la dynastie Le Pen montre son opposition au monde du travail notamment par ses prises de positions violentes contre le monde syndical. Malheureusement, une grande partie des électeurs ne cerne pas les dangers du national-libéralisme proposé par le RN. L’application de son programme ne stoppera pas les licenciements, les délocalisations, le démantèlement des services publics, les inégalités… Le RN sert les intérêts des grands groupes et de la bourgeoisie, pas ceux du monde du travail.

La pensée raciste, anti-féministe, autoritariste, rétrograde, complotiste…. se diffuse largement via internet et les réseaux sociaux mais est aussi maintenant très “normalisée” dans les grands médias bourgeois, complices et clients. On ne compte plus le nombre de chroniqueurs et pseudo-intellectuels passant aux heures de grande écoute et distillant un discours de haine et de violence sans contradiction. Quand le youtubeur Papacito explique sa méthode pour se procurer des armes et tuer un électeur de gauche, Éric Zemmour parle d’un “excès de virilité”. Vincent Bolloré et la poignée d’autres grands patrons qui détiennent la quasi totalité des médias nationaux portent une responsabilité importante, en faiseurs de roi (ou reine), ils installent le duel/duo Macron-Le Pen, à leur avantage quoi qu’il arrive.

Des outils déjà existants pour un état fasciste 

Si l’extrême droite arrivait au pouvoir demain, elle aurait déjà en main tout un arsenal légal lui permettant d’user d’autorité à outrance et de contourner le cadre démocratique. Pensons à l’état d’urgence permanent, au 49.3, aux lois “séparatisme” et “sécurité globale”, au fichage généralisé jusque pour les militants syndicaux ou politiques, aux lois travail, aux mesures Dublin III, aux centres de rétention administratifs pour les immigrés… Le gouvernement Macron a plus qu’aucun autre avant lui préparé le terrain à la vague bleu marine, utilisant même ses méthodes et sa rhétorique (“islamo-gauchisme”, répression violente des manifestations, privations de liberté, durcissement de la politique migratoire, parlementarisme bafoué, lois antisociales….). De nombreuses digues ont déjà rompu, Marine Le Pen pourrait appliquer une bonne partie de son programme de manière légale et sans grande difficulté pour réprimer la contestation. Les différents appels et manifestations de militaires et policiers sont éloquents. On peut craindre fortement pour nos libertés, mais aussi pour la sécurité de toutes celles et ceux qui luttent.

Une entrée en résistance indispensable 

Nous ne sommes plus dans la configuration de 2002 avec des millions de Français choqués puis descendus dans la rue pour dire « non au front ». L’extrême droite a pris le pouvoir dans plusieurs pays en Europe et dans le monde, elle est en tête lors de plusieurs des derniers scrutins en France et a dépassé les 10 millions de voix au second tour en 2017. Il faut regarder le problème en face pour pouvoir en triompher. C’est dans l’ADN même des communistes de combattre l’extrême droite. Il faut “assécher le terreau” comme le dit Ian Brossat, porte parole du PCF. S’attaquer aux racines du mal que sont le chômage, la précarité, les salaires indignes, à l’austérité, au démantèlement de nos services publics, à l’affaiblissement de l’école publique, à la ghettoïsation des quartiers populaires, au recul de notre souveraineté industrielle, à l’abaissement de la citoyenneté. Cela passera aussi par le débat, en tissant un lien de confiance avec nos concitoyens déçus et en colère qui se tourne vers le RN. En offrant une alternative de société crédible et concrète à la société. En construisant en somme une nouvelle République sociale et démocratique, laïque, écologiste, féministe et antiraciste.

Sam Franceschi

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