Féminisme Histoire

La grande histoire de l’émancipation des femmes (4/5)

Rosie la riveteuse

D’ici le 8 mars prochain, La Vienne Démocratique publie en 5 épisodes et à raison d’un épisode par semaine l’intervention publique de Françoise Poteau, prononcée le 8 mars 2020 en Sud Vienne à l’invitation du Parti Communiste et Front de Gauche, et actualisée en 2021.

 

4ème partie : Les mouvements féministes au XXème et XXIème siècle et la lutte pour l’accès à la contraception

 

Le planning familial était né discrètement en 1956 sous le titre consensuel de maternité heureuse mais en 1970 le MLF (Mouvement de libération des femmes) se crée. Il est inspiré du Women’s Lib américain. Leur première action est de déposer une gerbe à la femme du soldat inconnu.
En 1971, dans le Manifeste des 343, des femmes déclarent avoir avorté alors que c’était puni par la loi…
En 1972, au tribunal de Bobigny, un jeune fille enceinte à la suite d’un viol est jugée pour avortement. Elle est magnifiquement défendue par Gisèle Halimi et sera déclarée non coupable.
Les progrès se poursuivent en 1973 avec la maîtrise de la contraception grâce à la gratuité de la pilule contraceptive qui s’appuie sur la loi présentée par Lucien Neuwirt et votée en 1967. Mais pas forcément simple d’accès, par exemple le pharmacien de la Place d’Armes de l’époque refusait de la vendre et avec le Planning familial, nous nous succédions dans sa boutique pour la réclamer bien fort !
Le MLAC (mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) se crée et un an plus tard la loi Veil sur l’IVG (interruption volontaire de grossesse) est adoptée en 74 puis remboursée grâce à l’action de la ministre Yvette Roudy. On va voir que rien n’est solidement acquis en ce domaine aujourd’hui.
Les luttes féministes des années 70 ont beaucoup apporté mais ça n’a pas été simple. Au sein même du mouvement féministe les divergences seront nombreuses et parfois conflictuelles (exclusion des hommes ou pas dans leur sein, lutte uniquement féministe ou élargie à la lutte des classes etc.)
Le Parti communiste avait pris beaucoup de retard sur ce sujet à cette époque mais certaines femmes communistes se battaient au sein même de leur Parti… Lors de la guerre d’Algérie, des militantes communistes sont engagées contre cette sale guerre mais aussi dans les mouvements féministes : notre camarade Madeleine Bernardeau, par exemple, à Gencay. Après s’être engagée contre la Guerre d’Algérie, a accueilli des prostituées sorties de l’avenue de la Libération à Poitiers et après sa mort, sa fille a repris le flambeau ainsi que sa petite fille au sein de la JC…
La part très forte des femmes et leurs origines sociales très variées dans le mouvement des gilets jaunes et dans les manifs pour les retraites a été un facteur nouveau et surtout leur prise de parole !

Mais des résistances fortes en France et dans le monde….

Aujourd’hui il existe certes encore des divergences au sein des mouvements féministes par rapport à certaines actions, par exemple d’un mouvement comme Me too, mais surtout il y a des résistances idéologiques fortes en France et dans le monde :
En France, au parlement, un député macroniste traite de « petites connes » ses collègues députées (Clémentine Autain (FI),Elsa Faucillon (PCF) et Esther Benbassa (EELV), unies pour l’occasion malgré leurs différences d’appartenance politique) qui avaient participé aux côtés d’autres femmes à une danse de rue des Rosies (en bleu de travail, coiffure rouge et gants de vaisselle, mouvement de lutte des femmes venu des USA dans les années 80 et repris par Attac puis dans de nombreuses manifestations contre la réforme des retraites)… Des hommes publics comme le patineur Philippe Candeloro ou le comédien Lambert Wilson disent se sentir « attaqués » par le mouvement des femmes.
La lutte contre les féminicides n’a pas obtenu les moyens nécessaires comme l’a dénoncé fermement la comédienne Muriel Robin après sa rencontre avec le Président de la République alors que l’Espagne s’est beaucoup plus engagée, y compris financièrement, et que les féminicides y ont fortement baissé. La députée LREM Fiona Lazard chargée du rapport sur cette question conclut que l’inscription dans le code pénal du mot féminicide «se révélerait inutile, voire contre productif ». Tuer son père c’est un parricide, mais tuer sa femme, c’est un homicide ?

Droit à l’avortement , reculs et résistances…

Que de choses encore pour lesquelles nous devons lutter et en particulier pour le droit à l’avortement, non encore acquis ou remis en cause partout dans le monde.
En Italie où l’avortement est légal, 70 % des médecins se déclarent objecteurs de conscience et refusent de le pratiquer. Pour le Pape actuel « c’est comme le recours à un tueur à gages ! ».
En France, le patron d’un important syndicat de gynécologues obstétriciens qualifie l’IVG d’ « homicide » et 30 % des médecins le suivent.
Aux États-Unis, en Pologne, en Hongrie, en Amérique latine etc … ce droit recule, est menacé ou à conquérir… Or si l’avortement reste douloureux pour les femmes qui doivent s’y résoudre, le porte manteau ou l’aiguille à tricoter faisaient des mortes ou des familles pléthoriques !
Un souvenir personnel : pendant mon enfance, la fille de ma maîtresse, étudiante en médecine, a été lourdement condamnée pour avoir aidé son amie – enceinte d’un professeur de médecine – à avorter.

Je ne peux pas citer tout ce qui ne va pas dans le monde en ce qui concerne les femmes mais on peut penser tout de même aux féminicides massifs en Amérique latine, à l’excision, à la chasse aux migrants (les migrantes sont particulièrement vulnérables), aux viols, aux violences policières (le président de la République déclarait qu’une femme blessée par la police n’aurait pas dû aller manifester car trop vulnérable), aux jeunes précarisées qui ne peuvent payer les protections périodiques, à la prostitution (on a démantelé en France un réseau qui exploitait 300 femmes dont une majorité de mineures), à l’inégalité des salaires et, dans la sphère privée, à l’inégalité dans le partage des tâches et bien sûr à tout ce qu’elles partagent totalement des maux des hommes exploités par le capitalisme financier.

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