Mobilisations Social

IRTS : burn-out généralisé

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Mardi 21 juin, les salarié·e·s de l’Institut Régional du Travail Social Poitou-Charentes tenaient un piquet de grève devant leur lieu de travail, rue Georges Guynemer, la prochaine journée de mobilisation aura lieu le 07 juillet.

Café, croissants, Vulves Assassines et On lâche rien, un moment convivial et revendicatif comme seuls les piquets de grève peuvent nous offrir. Mais cette convivialité ne saurait cacher la gravité de la situation. Comme il y a quelques années, l’IRTS est en crise.

Des enseignant·e·s épuisé·e·s :

Malgré une volonté franche de produire un enseignement de qualité, le déficit budgétaire, notamment dû à une baisse de moyens alloués par les financeurs, en premier lieu la région, rendent les conditions de travail au mieux impossibles, au pire dommageables tant pour les enseignant·e·s que les étudiant·e·s.

Sandy, formatrice en éducation spécialisée nous explique : « Les risques psychologiques sont sérieux, comme nous l’a confirmé le médecin du travail, on parle de sidération ! La surcharge de travail alors même que nous avons en charge l’accompagnement de nos étudiant·e·s et par extension celles des personnes prises en charge dans les structures dans lesquelles elles et ils travailleront plus tard. S’ils arrivent à finir leur études. »

“Il est inconcevable de payer deux loyers, un pour mon lieu d’étude et un autre pour mon lieu de travail, mais on ne me laisse pas le choix. »

Lucie, étudiante précise : « Certains étudiant·e·s doivent arrêter leurs études en cours de route, faute de pouvoir trouver un stage ou épuisé·e·s par les cadences. Pour trouver un stage (ndlr. obligatoire pour valider une année) j’ai dû étendre mes recherches jusqu’à Paris, malgré les bourses et la gratification. Il est inconcevable de payer deux loyers, un pour mon lieu d’étude et un autre pour mon lieu de travail, mais on ne me laisse pas le choix. »

Il n’y a pas si longtemps, c’était le rôle de l’IRTS de trouver des stages pour ses étudiant·e·s, simplifiant les démarches. Les places en stages ont été réduites par l’obligation de gratification : les lieux de travail des stagiaires sont principalement des établissements publics sous-financés qui ne peuvent donc pas accueillir plus d’étudiant·e·s. Cette double contrainte augmente fortement les difficultés rencontrées par les étudiant·e·s et de fait, le stress engendré par leur formation.

Certaines filières entières sont en danger, à Angoulême, Niort, Saintes ou La Rochelle.

Pascaline, chargée de la vie étudiante et associative développe : « Tous les CDD s’arrêtent en juin, des coupes ont été annoncées pour les vacataires et le risque est plus que présent pour une partie des CDI. »

Certaines filières entières sont en danger, à Angoulême, Niort, Saintes ou La Rochelle (filières de la Formation Sociale aux Métiers de l’Accompagnement), du fait du non-renouvellement des CDD. À Poitiers ce sont les filières gérontologie et accompagnement social qui sont menacées.

Un conseil d’administration dont le rôle questionne

La région a baissé son financement du fait des provisions qu’avaient en sa possession l’IRTS cependant les choix stratégiques de l’ancienne gouvernance portent une responsabilité dans la situation financière de l’IRTS, malgré de nombreuses alertes de l’ancien directeur financier et du CSE.

La direction, sentant les salarié·e·s et professeur·e·s se mobiliser a préféré envoyer un mail aux étudiant·e·s pour leur dire que « tout va bien ». Lucie ajoute : « Heureusement que les syndicats ont pu rétablir la vérité. »

Des étudiant-e-s mobilisé-e-s malgré les vacances

Alors que la plupart des étudiant·e·s de l’IRTS sont en vacances ou en stage, elles et ils étaient nombreux·ses mardi 21 pour soutenir leurs enseignant·e·s et le personnel de l’IRTS.

M, étudiant-e : « Quand on voit la montagne de merde qui s’accumule, les profs épuisé·s, les galères qu’on vit de notre coté tous les jours pour trouver un stage, réussir à être rémunéré·e·s, les autres étudiant·e·s en burn out, notre propre détresse parfois, soutenir nos profs c’est évident. »

Lucie continue : « On a aucune idée de comment on va poursuivre nos études, de la situation qu’on vivra l’année prochaine, au-delà des difficultés pour trouver un stage gratifié qui correspond à notre formation, on aimerait savoir, a minima, si on aura cours ! »

Entre l’inflation et les loyers hors de prix, certains étudiant-e-s ne mangent plus à tous les repas.

Comme nous l’évoquions plus haut, les étudiant·e·s de l’IRTS sont précarisé·e·s. Une épicerie solidaire a été mise en place au sein de l’établissement pour que chacun·e puisse manger à sa faim. Entre l’inflation et les loyers hors de prix, certains étudiant·e·s ne mangent plus à tous les repas. La nécessité des tels gestes de solidarité jusque chez les travailleur·euses du social ressemble à une mauvaise blague : comment peut-on imaginer qu’on puisse accompagner dans les meilleures conditions lorsque l’on a soi-même besoin d’aide jusque dans l’assiette ?

« On paie la CVEC mais on a aucun des avantages pourtant maigres des autres étudiant·e·s, Lucie nous explique, on est pas prioritaires sur les logements, on a pas de resto U proche de l’IRTS ni de foodtruck du CROUS. »

« C’est un problème plus global, développe M. , certaines structures qui nous accueillent en stage nous gratifient à peine au minimum légal, l’ensemble des structures du lien et des soins sont sous-financées. »

Que faire ?

Les revendications à court terme sont évidentes : exiger un renouvellement du conseil d’administration en y intégrant bien davantage les étudiant·e·s et représentant·e·s des salarié·e·s ; solliciter la région pour aider l’IRTS à passer cette crise et garantir le financement de la formation des métiers du lien. Les syndicats revendiquent également une augmentation des salaires, au moins indexée sur l’inflation, la prise en compte des risques psycho-sociaux liés aux métiers du lien et des garanties pour les étudiant·e·s.

La mobilisation à l’IRTS, qui continue le 7 juillet est un foyer d’idées comme en naissent partout, à chaque mouvement social, montrant que c’est bien la classe travailleuse qui produit son avenir.

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Maxime Chazot

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