Florence Harris a profité d’une délibération sur les contrats Re-Source pour souligner la nécessité de mettre en place des dispositifs préventifs.
L’intervention complète :
“Cette délibération révèle une fois de plus un phénomène qui se répète. Pendant très longtemps, on commercialise un produit qu’on appelle de manière politiquement correcte phytosanitaire pour améliorer les rendements agricoles. Après de nombreuses études et contre-études qui durent des années pendant lesquelles on continue à utiliser le produit, PATATRA, on se rend compte de sa toxicité.
Alors, on décide de retirer le produit du marché parfois après l’écoulement des stocks.
Pour l’Atrazine, qui a contaminé le captage de Gué de Sciaux, l’interdiction a été décidé en 2001, sa distribution a été interdite en 2002 et son utilisation en 2003 ! Cela fait presque 20 ans ! Malgré les mesures prises pour protéger le captage, et je salue l’adhésion de la profession agricole présente sur les lieux à la stratégie qu’on leur a proposée, le déséthyl-atrazine est toujours présent. C’est un métabolite toxique que l’on ne parvient pas à éradiquer. Il a contaminé les milieux et l’eau que l’on destine à la consommation humaine. La seule façon de s’en débarrasser, c’est de traiter l’eau des captages pour la rendre potable. Et le traitement des eaux, ça a un certain coût. Et ce sont les habitants des communes concernées qui le paient via leur facture d’eau.
Je suis heureuse que l’on fasse tout pour protéger les captages de Preuilly et de Gué de Sciaux. Mais ce ne sont pas des mesures préventives, ce sont des mesures curatives, car la qualité de l’eau brute était trop mauvaise. Elle nécessite des dérogations et des traitements coûteux pour la rendre potable.
Je souhaiterais que, sur le territoire de la Vienne, on aide vraiment l’agriculture à se convertir vers des activités moins polluantes des milieux, plus respectueuses de l’environnement. Les produits qui sont utilisés maintenant vont se révéler être les molécules toxiques de demain.
Si la pression au rendement (et donc le recours à ces molécules) est si intense c’est parce qu’en ligne de mire il n’y a que le profit immédiat. L’agriculture est prisonnière du marché : on spécule sur les matières premières alors que ce sont des produits de première nécessité. Il y a des gens sur la planète qui ne peuvent pas les payer pour se nourrir. Il faut aider les agriculteurs, paysans à sortir de cette logique capitaliste.
On le voit avec la question des bassines : les agriculteur·rice·s sont coincé·e·s dans un mode de culture dont il·elle·s ne peuvent s’extraire sans l’intervention de la puissance publique, à tous les niveaux. Aidons-les à sortir de cette logique au lieu de contribuer à pérenniser des activités qui ne vont pas dans le bon sens de préservation de la planète.
Toutes les mesures qui visent à améliorer les milieux et la qualité de l’eau obtiennent notre adhésion pleine et entière. J’espère juste qu’elles seront efficaces. Vous pouvez compter sur notre vote en faveur de cette délibération.”