Contribution Féminisme

Féminisme et bourgeoisie

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“Si l’on observe l’évolution de la condition des femmes depuis la révolution bourgeoise de 1789, on pourrait penser naïvement que la libération du peuple français du carcan des privilèges et du système féodal aurait amené du même coup la libération des femmes. Nous allons voir qu’il n’en est rien.

Un des premiers actes, hautement symbolique, fut la décapitation, le 3 novembre 1793, de la cheffe de file du mouvement féministe, Marie Gouze, dont le nom de plume est Olympe de Gouges. Rédactrice en 1791 de la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne », elle avait publié de nombreux écrits et pamphlets en faveur des droits civiques et politiques des femmes, et de l’abolition de l’esclavage des Noirs. Ç’en était trop pour la bourgeoisie à peine arrivée au pouvoir, qui ne voulait pas voir sa domination contestée par une femme, et une féministe virulente qui plus est. Il fallait, par l’exécution de cette grande figure de la libération des opprimé.es, faire taire toute prétention à la contestation d’un ordre bourgeois patriarcal qui devait être incarné par des hommes. Certes l’esclavage des noirs contre lequel s’élevait Marie Gouze avait été aboli en 1794, mais ce n’était qu’une conséquence des rapports de force instaurés par la révolution haïtienne victorieuse de Toussaint Louverture, et de son influence sur les colonies antillaises alentour. L’esclavage ne fut réellement aboli définitivement qu’en 1848. Les femmes, elles, n’obtiendront le droit de vote en France qu’en 1944, après l’Espagne, la Roumanie, le Brésil et Cuba ! Cette conquête est l’effet des luttes de libération nationale de l’Occupation. Toute conquête sociale est le résultat des luttes.

Il faut se souvenir que ce qui domine dans la mentalité bourgeoise, c’est la sacralisation de l’argent et de la propriété. Tout est propriété : les biens matériels, les œuvres de l’esprit, même les êtres humains, les femmes en particulier. « Ma femme », pour un bourgeois peut avoir bien sûr un sens affectif, mais c’est bien souvent le sens possessif qui l’emporte : elle m’appartient, comme mes autres biens, ma maison, mes meubles, mes objets précieux. Avec le temps, cette mentalité de propriétaire a contaminé toute la société : le refus de la séparation, donc le désir d’émancipation de la femme, intervient parmi les principaux mobiles des féminicides qui endeuillent notre société.

On sait aussi que, plus de 200 ans après l’exécution de Marie Gouze, les femmes sont encore sous-représentées dans les assemblées : 37% à l’assemblée nationale (en recul en 2023), 36% au sénat seulement.

C’est donc à nous, communistes, de garder toujours à l’esprit que le machisme n’est pas une caractéristique « naturelle » du mâle, qui a aussi, fort heureusement une volonté d’émancipation qui s’applique à tous les êtres humains. La liberté n’est-elle pas le bien le plus précieux pour tous ? Et il est heureux que le terme figure en tête de la devise de la République, adoptée officiellement en 1848, lors de la IIe République. Encore faut-il que ce ne soit pas la liberté d’exploiter d’autres êtres humains, qui n’est qu’une perversion de la liberté d’entreprendre.

La lutte des femmes pour leur libération fait bel et bien partie de l’action révolutionnaire pour transformer la société profondément et durablement, et on doit se féliciter que cette préoccupation soit particulièrement présente parmi nous, communistes de la Vienne.”

Cette publication est une contribution de Michel Caubet, adhérent du PCF de la Vienne. Les colonnes de notre journal sont ouvertes à tou·tes. Pour contribuer à votre tour, rendez-vous sur cette page.

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