Au deuxième étage de la Maison du Peuple à Poitiers, La Vienne Démocratique a rencontré Alain Peyrotte, président de l’Institut d’Histoire Sociale de la Vienne, entouré par ses camarades lors d’une de leurs séances de travail sur les archives syndicales.
La Vienne Démocratique : Peux-tu présenter l’Institut d’Histoire Sociale de la Vienne ?
Alain Peyrotte : L’IHS est une association, historiquement liée à la CGT qui a été à l’initiative de sa création mais qui est ouverte aux autres syndicats. Nous menons un travail de transmission de l’histoire sociale, des luttes, des conquêtes, des échecs, vers les scientifiques et vers nos propres camarades syndiqués. Pour nos militants, connaître l’histoire, et en particulier celle du syndicalisme est une nécessité. Comment défendre nos conquêtes, la sécu par exemple, si l’on ne connaît pas son histoire, ce qui lui a précédé, ses effets sur la société… ? Parfois on se dit qu’on rabâche mais si on le fait c’est que c’est nécessaire !
Comment défendre nos conquêtes, la sécu par exemple, si l’on ne connaît pas son histoire, ce qui lui a précédé, ses effets sur la société… ?
La Vienne Démocratique : Quelles actions entreprenez-vous ?
Alain Peyrotte : Nous intervenons partout où l’on nous sollicite, dans les stages de formation destinés aux syndiqués par exemple. On organise nos propres événements publics, on veut favoriser la compréhension du mouvement syndical dans sa diversité et sa complexité. On aimerait aussi pouvoir le faire dans les écoles, que l’histoire du syndicalisme soit au programme. Mais notre travail principal se situe sur les archives : récupérer, classer, trier, archiver, conserver et transmettre autant que possible. Dans la Vienne, nos sources sont issues exclusivement des archives des structures de la CGT (Union départementale, locales, syndicats…). Nous souhaitons les mettre à disposition des chercheurs, des étudiants, de tous ceux qui voudraient avoir une image du travail syndical. Nous sommes en train de préparer pour les déposer aux archives départementales, on a repris l’exemple de la convention passée entre elles et la fédération de la Vienne du PCF. Les archives départementales nous permettront de conserver dans les meilleurs conditions et de mettre à disposition de tous, faire appel à ce service public a du sens. Cependant nous sommes face à un tel volume de documents de travail, de journaux, tracts, affiches… que ce travail nous survivra. On a aussi commencé à recueillir des témoignages écrits ainsi que des enregistrements audios ou vidéos avant que les camarades nous quittent. Ce qui nous inquiète à court terme c’est l’avenir de la maison du peuple qui nous abrite.
La Vienne Démocratique : L’IHS a d’ailleurs été maître d’œuvre des événements du 90e anniversaire des lieux en juin dernier, peux-tu nous en dire quelques mots ?
Alain Peyrotte : On attendait le 100e anniversaire mais on risquait de ne pas le voir… c’est Patrick Chatet, du syndicat du livre, qui nous a poussé et il a bien fait, nous le remercions. Une exposition a été réalisée grâce à des universitaires, que chacun a pu consulter en venant visiter les lieux rendus publics pour l’occasion. Un court-métrage a été réalisé, nous l’avons diffusé en introduction d’une conférence sur « la place du syndicalisme dans la ville » avec notamment Philippe Martinez. L’événement nous a permis de porter le sujet sous l’éclairage médiatique. Aujourd’hui le bâtiment, peu entretenu, n’est plus aux normes pour pouvoir assuré ses missions d’accueil du public et la mairie n’a pas les moyens d’assurer sa rénovation, il va donc être vendu. Mais il y a besoin de locaux pour nos activités, pour les autres associations hébergées et avant tout pour l’activité syndicale. On ne sait pas où ni comment le syndicalisme va être logé, ce qui est certain c’est que l’on souhaite retrouver l’esprit maison du peuple, avoir pignon sur rue, rester au cœur de la ville. Auparavant à Poitiers il y avait 3 lieux importants : l’hôtel de ville, la préfecture et la maison du peuple. L’endroit a aussi été le lieu de départ de nombreuses manifestations. On souhaite donc aussi que quelque chose reste et notamment avec le nom de Léon Jouhaux, présent lors de l’inauguration en 1931 et dont une salle porte le nom.
Entretien réalisé par Hugo Blossier
Si vous êtes intéressé.e.s par l’histoire sociale, rejoignez l’IHS de la Vienne : 21 bis, rue Arsène Orillard, 86000 Poitiers – 05 49 60 34 70 – ihsvienne@gmail.com.