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Chez BIO86, la bataille pour des salaires dignes

En grève depuis hier, les salariés de BIO 86 ont débrayé tôt ce matin dans la Vienne. La Vienne Démocratique était présente sur le site de Chaumont à Poitiers y a rencontré Aurore Bonassié, salariée de l’entreprise et syndicaliste CGT, pour faire le point sur les revendications du mouvement.

Vienne Démocratique : Les salariés de BIO 86 se sont mis en grève hier : est-ce que tu pourrais nous dire les motifs de la mobilisation ?

Aurore Bonassié : Ça porte principalement sur l’augmentation salariale. Il faut entendre que l’année dernière, on a eu 0,5% d’augmentations ; avec des primes, ça montait à 9,5%, et les biologistes actionnaires en salaires et primes sont augmentés de 71%. Aujourd’hui, ils nous proposent une augmentation de 1,8%, sachant que nous avons demandé une revalorisation des salaires à hauteur du Ségur de la santé puisque ça touche le secteur public et privé. Et nous on est en plein dedans avec le covid et à côté on a un secteur paramédical privé. Ça a été refusé. En commission paritaire, les patrons de laboratoire proposent une augmentation des grilles salariales de 3,25%, ce qui nous a été refusé également, et le SMIC augmente de 2,2%, et ça nous été refusé également. Aujourd’hui, on nous propose une augmentation de salaire inférieure à l’inflation, au coût de l’inflation.

Ca fait deux ans qu’on se mobilise, avec les chiffres que le laboratoire engrange. Il faut savoir que même en période hors covid, BIO 86 est une structure qui se maintient très bien, qui est toujours 3 à 4% au-dessus de la moyenne nationale au niveau des résultats. Aujourd’hui, on nous dit qu’ils n’ont pas de marge pour nous augmenter plus. On a eu des primes exceptionnelles, certes, on a eu la prime PEPA [NDLR : Prime exceptionnelle de pouvoir d’achat, appelée également prime Macron], en même temps on fait du covid depuis deux ans. On a eu une prime de participation qui est obligatoire de fait, et une prime d’intéressement qu’on a négocié et qui est certes exceptionnelle cette année mais en même temps avec un chiffre d’affaires et des résultats nets exceptionnels.

VD : Puisque tu évoquais la mobilisation d’il y a deux ans, pour avoir un peu recherché dans les archives, en 2016 justement il y a eu une mobilisation dans l’entreprise. On pouvait lire qu’à l’époque la revalorisation des salaires était déjà une des revendications phares en question, et ce qui était notamment mis en avant, c’est que les salariés, majoritairement des femmes, étaient rémunérées au SMIC. Où en est-on aujourd’hui en 2021 ?

AB : Les femmes qui embauchent sont légèrement au-dessus du SMIC, mais ce n’est pas énorme. On a une revalorisation qui, au final, finit par ne plus suivre l’évolution des grilles tarifaires de la convention collective.

VD : Pour avoir une idée plus concrète, quand tu dis que c’est légèrement au-dessus du SMIC, c’est combien ?

AB : Je crois que ce n’est même pas un euro brut. Nous, on demande que nos salaires augmentent à hauteur de l’inflation. Si le SMIC augmente aujourd’hui à 2,2% et qu’on nous propose une augmentation inférieure à 2,2%, ça veut dire qu’on perd par rapport au salaire de base qu’on a, sachant que les grilles vont normalement augmenter puisque c’est en négociation. On voudrait bénéficier d’une certaine pérennité au niveau de nos salaires, face aux coûts qui augmentent sans arrêt.

VD : Comme vous travaillez pour un laboratoire d’analyses médicales, je suppose que vous êtes diplômées. Est-ce qu’il y a une indexation du salaire par rapport aux diplômes, ou est-ce que ça n’est pas du tout le cas ?

AB : Non. C’est le salaire de base sans tenir compte des diplômes.

VD : Justement, est-ce que ça fait partie de vos revendications ?

AB : En fait, c’est aussi pour ça qu’on demande des augmentations. C’est notamment pour ça que dans l’augmentation qu’on demande, ça fait partie de la revalorisation également du titre de diplôme que chacun a.

Entretien réalisé par Jérémy Roggy

Information VD : En cours de matinée, la CGT a signé un désaccord à propos de l’augmentation salariale proposé par la direction, cette dernière étant en dessous de celle demandée.

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