Éditoriaux

Appels du pied, sens historique ?

manouchian rétro

La dernière initiative du pouvoir, l’interview donnée par Macron à l’Humanité, une première absolue semble-t-il dans l’histoire de la République, doit nous interroger. La coïncidence avec la panthéonisation des Manouchian, résistants communistes et étrangers, n’est évidemment pas fortuite. Pas plus que l’émission consacrée aux Manouchian dimanche 18 février sur France 2, qui était tellement élogieuse pour le PCF des années 30, qu’on aurait pu penser que le scénario en avait été écrit par des communistes !

Ces trois éléments, interview, panthéonisation, reconnaissance du rôle historique des communistes, semblent indiquer un revirement de l’attitude du pouvoir face à notre parti. Ceux qui nous gouvernent seraient-ils en train de reconnaître notre rôle essentiel dans la vie démocratique de la France ? Comme le disait un de nos camarades en réunion de cellule, le pouvoir est comme un boxeur qui s’épuise à mouliner dans le vide, faute d’avoir un véritable adversaire !

Ceux qui nous gouvernent seraient-ils en train de reconnaître notre rôle essentiel dans la vie démocratique de la France ?

Dans les hautes sphères, domaine de ceux qui « s’autorisent à penser », comme disait Coluche, on n’en est plus à parler de « ceux qui ne sont rien », allusion limpide au « Nous ne sommes rien, soyons tout ! », de l’Internationale. En est-on à se demander, non sans une certaine nostalgie, si le monde d’avant, quand on trouvait à qui parler avec un parti communiste fort, n’était pas mieux ?

Ne nous illusionnons pas : Macron n’est pas en train de se convertir au communisme. Ce genre de miracle ne se produit pas dans la vie politique, et on aura beau chercher, on n’en trouvera pas. Celui qui a choisi, ou qui a été choisi pour défendre les intérêts de la classe dominante reste fidèle à son rôle, c’est sa raison d’être, et il se suiciderait s’il abandonnait sa mission.

En est-on à se demander (…) si le monde d’avant, quand on trouvait à qui parler avec un parti communiste fort, n’était pas mieux ?

Ces appels du pied sont-ils alors une stratégie du pouvoir visant à se servir de nous pour sauver ce qui peut encore être sauvé ? Ce pouvoir hautement impopulaire, ce système déliquescent dont tous les secteurs sont en crise, n’arrive plus à satisfaire les besoins de base des Français : des revenus suffisants pour s’alimenter correctement, se soigner efficacement, faire bénéficier tous les enfants à égalité d’une bonne éducation, permettre à tous les étudiants de poursuivre les études qu’ils ont choisies sans avoir à lutter pour survivre, protéger les femmes contre le machisme ordinaire, faire régner la paix et la solidarité entre les différentes composantes de la société française dans sa belle diversité.

Donc une ruse de plus du pouvoir ? Nous ne sommes pas dupes. Si Macron pense qu’un parti communiste fort serait un enrichissement pour la vie démocratique, tant mieux. Mais s’il pense pouvoir se servir de nous pour prolonger un système agonisant, il s’illusionne. Quand un mur est trop délabré, il vaut mieux le démolir pour construire autre chose à la place. Et pourquoi pas une porte ? Une porte par laquelle tous pourront entrer pour accéder au bien-vivre, à l’égalité, à la solidarité, à la justice.

Michel Caubet,
membre du comité de rédaction

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