Pour introduire leur Rassemblement pour de nouveaux Jours Heureux, qui a eu lieu ce mardi 23 mai, les communistes de Châtellerault nous invitaient à nous souvenir du Conseil National de la Résistance et de son impact sur notre société :
Il y a presque 80 ans, le 27 mai 1943, rue du Four à Paris, 19 dirigeants se réunissaient dans la clandestinité pour fonder le Conseil National de la Résistance (CNR) pour unifier et structurer l’action face à l’occupant. Cette réunion visait également à poser les jalons de la reconstruction d’une France nouvelle, où le progrès social et la démocratie seraient les fondements d’une République nouvelle. Dans la nuit de l’occupation, pendant plusieurs mois, des résistants se réunissent au péril de leur vie, échangent des documents en vue de rédiger un programme destiné à définir la politique au lendemain de la Libération.
Services publics, sécurité sociale, droits démocratiques et sociaux, libertés publiques, éducation populaire : tels sont les axes d’un programme de sortie de la guerre pour structurer les générations qui auront à reconstruire le pays et la société.
Les communistes jouèrent un rôle primordial du fait de la place importance qu’ils avaient dans les réseaux de résistance. Ce programme s’est construit par un débat exigeant sur les contenus et la recherche de compromis entre courants et idéologies diverses, voire historiquement opposés. Je vous invite à lire où relire ce programme, le préambule de la constitution de 1946.
Pour illustrer le souffle de la mise en œuvre de ce programme nous retenons comme exemplaire la création de la Sécurité Sociale mise en œuvre par le ministre communiste Ambroise Croizat suite à l’ordonnance du 4 mars 1945.
La Sécurité Sociale c’est un véritable projet de société dont l’objectif est de répondre « à la préoccupation de débarrasser les travailleurs de l’incertitude du lendemain, cette incertitude constante qui crée chez eux un sentiment d’infériorité et qui est la base réelle et profonde de la distinction des classes entre les possédants sûrs d’eux-mêmes et de leur avenir et les travailleurs sur qui pèse, à tout moment, la menace de la misère… Le but final à atteindre est la réalisation d’un plan qui couvre l’ensemble de la population du pays contre l’ensemble des facteurs d’insécurité ».
C’est la préfiguration du communisme qui veut porter l’exigence de la mise en commun, contre toutes les tentations du repli sur soi et contre la volonté des pouvoirs en place de fragmenter la société.
Cette démarche initiée pour bâtir le programme du CNR n’est elle pas encore d’une brûlante actualité ?
Jean-Louis Moreau