“Montjoie Saint Denis, à bas la Macronie !”, criait le gifleur de Macron. Une croisade qui vaudra à notre chevalier 4 mois de prison ferme. Et bien que le ridicule de l’acte individuellement considéré pourrait prêter à sourire, l’impunité croissante de l’extrême-droite dont il est le témoignage devrait nous alarmer. Parce que loin d’une simple “bêtise”, ce à quoi nous avons assisté en juin dernier est une attaque contre une institution de la République, proférée par un militant d’extrême-droite.
Quand tout républicain devrait s’acharner à dénoncer la menace – de plus en plus visible – qui pèse sur la France, les représentants de l’extrême-droite dans notre pays « condamnent dans un premier temps, mais excusent, puis justifient et finissent par se réjouir de la gifle. »
Raphaël Enthoven, agrégé de philosophie, proche de Marlène Schiappa, fait régulièrement parler de lui sur les réseaux sociaux, notamment pour ses multiples attaques à l’encontre de la gauche. En 2019 par exemple, il déclarait sur Twitter « Grâce à la grève, on assiste à la dégradation définitive dans l’opinion publique d’un syndicat totalitaire, la CGT, qui suspend la liberté d’un pays entier (comme la liberté de la presse) à la seule acceptation de ses demandes. Et qui appelle ça “dialogue.” » Le 7 juin dernier, Enthoven publie un thread (comprendre une suite de tweets) pour expliquer son choix de voter Marine le Pen si elle était face à Mélenchon lors du second tour de l’élection présidentielle.
Je peux encore changer d’avis, mais je crois que, s’il fallait choisir entre les deux, et si le vote blanc n’était pas une option, j’irais à 19h59 voter pour Marine Le Pen en me disant, sans y croire, « Plutôt Trump que Chavez. »
— Raphaël Enthoven (@Enthoven_R) June 7, 2021
« La déclaration du « philosophe » exprime sans doute honnêtement ses inclinations profondes et ne devrait nullement prêter à l’étonnement. Elle a plutôt le mérite de révéler ce que chacun-e pressent, à savoir que si la classe dominante, son personnel politique et ses idéologues attitré-es sont amené-s dans les années à venir à choisir entre l’extrême droite et une perspective de rupture de gauche avec le néolibéralisme, ils et elles opteront quasi unanimement et sans l’ombre d’une hésitation pour la première option. »
Face à l’union de la droite et de l’extrême droite autour de positions ouvertement fasciste, la gauche brille par son absence. L’un des débats majeurs à l’origine de cette désunion est la hiérarchie que l’on fait, ou pas, entre lutte des classes, de genre, de race, par exemple. Mediapart a réuni deux intervenantes autour de cette question. L’une défend une approche intersectionnelle et l’autre une forme d’universalisme.
Contretemps publie le premier chapitre du livre Marx, Women and Capitalist Social Reproduction, écrit par Martha E. Giménez et traduit en français par Christelle Compte.
« Les femmes sont les plus pauvres des pauvres dans le monde. 70% des 1,3 milliards de personnes qui vivent sous le seuil absolu de pauvreté sont des femmes. Les femmes effectuent les 2/3 des heures de travail comptabilisées dans le monde, produisent la moitié de la nourriture ; pourtant, elles gagnent seulement 10% du revenu mondial et elles possèdent moins d’1% de la propriété dans le monde. »
Le 15 mai, des rassemblements ont été organisés partout en France pour exiger justice pour les personnes victimes de l’industrie agrochimique, mais également pour un changement des pratiques agricoles. Une mobilisation qui a eu lieu dans le cadre de la Marche mondiale annuelle contre Monsanto.
« Nous nous mobilisons donc afin d’exiger justice et réparations pour toutes les populations victimes des poisons de l’agrochimie, et notamment celles qui en sont disproportionnellement affectées selon des logiques liées au capitalisme, au racisme, au sexisme, ou à des rapports (néo) coloniaux. N’oublions pas que les premier·ères touché·es sont les agriculteur·trices et autres utilisateur·trices de ces pesticides. »
Si la plupart des chambres d’agriculture sont dominées par la FNSEA (qui défend un modèle de l’exportation et de la compétitivité), certains territoires voient un contre-modèle s’affirmer. C’est le cas dans les Pyrénées-Atlantiques où la Chambre alternative basque met en avant un autre modèle, pérenne, plus respectueux des gens et de l’environnement.
Levier d’émancipation pour les uns, source dévastatrice d’abrutissement pour d’autres, la question du progrès divise depuis la première révolution industrielle. Regards a réuni Razmig Keucheyan, sociologue et auteur du livre Les besoins artificiels : comment sortir du consumérisme et François Ruffin qui lui aussi sort un ouvrage : Leur progrès et le nôtre : de Prométhée à la 5G.
Depuis 20 ans, les signaux d’alerte se succèdent quant aux menaces qui planent sur nos libertés individuelles. Le Projet de loi relatif à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement, validé par le Sénat fin juin, est le dernier épisode de la série et vient ancrer des mesures issues de l’état d’urgence.
« Un État qui conserve pendant cinq ans les données captées de la population… Il y a deux ans, ça aurait fait la Une de la presse pendant des semaines »
Le vote n’est – par nature sociologique – pas représentatif de la société et les élections régionales et cantonales de ce mois de juin 2021 en ont été – une nouvelle fois – le marqueur. Le sociologue Vincent Tiberj a montré que les plus de 65 ans représentent dans les urnes 1.4 fois leur poids démographique. Les moins de 35 ans représentent 0.5 fois leur poids démographique. Au-delà de cela, les variables socio-économiques ont une influence considérable.
« Le vrai séparatisme est pourtant là sous nos yeux. Dans les villes les plus pauvres de France, l’abstention est à plus de 75%. »
Nous vous proposions il y a quelques semaines notre regard sur le capitalisme de plateforme, en deux volet (dont le premier est à retrouver ici et le second ici). Dans la continuité, nous vous suggérons de visionner « Travail à la demande », le documentaire produit par Arte.