Éditoriaux

Sortir de l’ordinaire

reconnaitre prevenir violence familiale

La libération de la parole est bénéfique mais ce n’est pas sans douleurs. La liste des révélations de violences sexuelles impliquant des célébrités du monde culturel, politique, associatif, religieux ne cesse de s’allonger. À peine le procès Mazan est fini qu’en démarre un autre : celui du plus grand pédocriminel français. Comment la société a-t-elle pu laisser un monstre sévir pendant trente ans ?

Comment des institutions, et même un responsable politique de premier plan aujourd’hui premier ministre ont-ils pu détourner leur regard des violences à Notre-Dame de Bétharram ?

Les coupables sont le plus souvent socialement intégrés et « respectés » : comédiens, professeurs, médecins, prêtres, notables. Donc insoupçonnables voire ordinaires.

lutter contre une domination c’est lutter contre toutes et c’est poser les bases d’une société d’égalité et d’émancipation

En fait c’est la violence qui est ordinaire. Celle du racisme, du patriarcat comme celle du capitalisme qui tous sont basés sur une idée simple : la domination de certains êtres humains sur d’autres, considérés comme inférieurs, est normale voire « naturelle ». Les inégalités vécues au quotidien dans la famille, le couple ou le travail conditionnent à adhérer aux systèmes de domination car elles normalisent et banalisent l’infériorité d’un groupe humain. Les inégalités sont donc bien souvent acceptées inconsciemment, voire intériorisées au point qu’elles « font système ».

Heureusement, il y a des rébellions. Le #metoo en est une. Refuser et lutter contre une domination c’est lutter contre toutes et c’est poser les bases d’une société d’égalité et d’émancipation… mais le chemin est long et semé d’embûches. La difficulté à faire adopter, face aux réacs de tous poil, le programme scolaire relatif à la « vie affective, relationnelle et sexuelle » (Evars) en témoigne.

Il témoigne aussi du fait que l’éducation est un enjeu majeur pour faire évoluer les mentalités. Il est essentiel d’éduquer les enfants et les jeunes à l’égalité, à la sexualité, à apprendre ce qu’est l’intégrité de son propre corps. Aider les enfants et les adolescent-es, avant qu’ils-elles n’entrent dans la sexualité, à apprendre ce qu’est le consentement, ce qu’est un rapport respectueux c’est les aider à être en paix avec elles-mêmes et eux-même, et c’est aider toute la société à grandir vers l’égalité.

Un projet d’émancipation de la société toute entière est indissociable d’un projet féministe. Sans révolution féministe, il n’existera pas de transformation réelle et profonde de la société. Alors affirmons et revendiquons fièrement l’égalité entre toutes et tous !

Yves Jamain,
membre de l’exécutif départemental,
membre de l’exécutif de section de Poitiers

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