Communiqué de presse du 6 novembre 2022 de la confédération paysanne de la Vienne :
“Quelques jours après la manifestation de Sainte Soline, et alors que la préfecture vient de prolonger pour le mois de novembre les mesures de restriction d’usage de l’eau, le préfet de la Vienne a choisi d’organiser en catimini la signature du protocole permettant le financement de 30 bassines envisagées sur le bassin du Clain.
La Confédération Paysanne y voit là un passage en force voire une provocation.
Suite à différentes tentatives, les préfètes précédentes avaient estimé qu‘il n’y avait pas en Vienne les conditions réunies pour faire aboutir une concertation tant il y a avait une différence de vue des parties prenantes. L’Etat a choisi de faire sien le projet porté par l’ADIV qui ne représente qu’une partie des irrigants. L’ajout de mesures environnementales ne suffit pas à rendre vertueux un projet de départ inéquitable sur l’accès et le partage de la ressource en eau entre Paysans.
Ce protocole se retrouve validé sans la présence d’aucune association ou structure environnementale, sans les associations de consommateurs. Les consommateurs sont pourtant les principaux financeurs des bassines.
Ce projet de stockage d’eau est présenté comme nécessaire et voulu par les agriculteurs. La réalité est toute autre. Ce projet est porté par l’ADIV et les coop de l’eau qui revendiquent 153 adhérents alors qu’il y a 2 000 fermes sur le bassin du Clain et 380 irrigants. Seule la moitié des adhérents des coop de l’eau, qui sont bien souvent les plus gros irrigants, seront directement raccordés aux bassines et seront exonérés des coupures d’eau.
Comment l’Etat peut-il valider et mettre en place un tel projet agricole sans l’aval de la Chambre d’agriculture de la Vienne ? Cette démarche est anti-démocratique. La FNSEA et les JA qui ont porté avec l’ADIV depuis 2012 ce projet sur le bassin du Clain ont perdu les dernières élections au profit de la Coordination Rurale. Les acteurs économiques tels que les coopératives agricoles semblent avoir plus de poids que les acteurs institutionnels.
Dans cette situation, la Confédération Paysanne continuera à travailler avec toutes les structures qui le souhaitent, à la construction d’un véritable projet de territoire (PTGE) permettant de valider un projet agricole en phase avec les réalités de la ressource en eau et des besoins alimentaires du territoire.
Nous regrettons que par des visions idéologiques les pouvoirs publics poussent des agriculteurs dans un modèle productiviste pas toujours rentable et surtout très consommateur d’énergie. Un tel projet ne peut qu’accentuer les incompréhensions et les tensions entre les citoyens et les agriculteurs.”