Communiqué de la fédération de la Vienne du PCF :
“Le 23 mai dernier, trois sénateurs (MODEM, LR et PS) faisaient voter leur proposition de loi « Ferme France ». Au menu entre autres :
– retour des conflits d’intérêts par la possibilité de regrouper les activités de conseil et de vente des produits phytosanitaires
– retour de l’épandage aérien (via des drones !) pourtant interdit depuis 2009 du fait de risques
– Octroi au ministre de l’agriculture du droit de suspendre une décision prise par l’Agence Nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
– Modification du Code de l’environnement donnant automatiquement le statut d’« intérêt général majeur » à toute retenue d’eau à usage agricole
Les choses sont claires : en France ce sont les lobbys agro-industriels qui font la loi.
Il y a quelques jours, dans le nord de notre département, la pollution par un fongicide a provoqué la fermeture d’un captage d’eau potable. La préfecture s’est même tenue prête à déclencher un plan Orsec sur 5 communes, à y couper le robinet et y distribuer des palettes d’eau en bouteille.D’importantes restrictions sont d’ores-et-déjà en vigueur, partout dans le pays et depuis hier dans la Vienne. Et moins il y a d’eau, plus les pollutions y sont concentrées.
C’est dans ce contexte que la Commission Locale de l’Eau du bassin du Clain a, ce mercredi 7 juin, « acté la fin de l’étude HMUC », sans tenir compte de son contenu. Cette décision devrait ouvrir les vannes au financements publics pour la construction des mégabassines et à leur remplissage.Main dans la main avec des élus départementaux personnellement intéressés, le préfet a engagé tous les moyens de l’État pour satisfaire aux intérêts d’une poignée d’agro-capitalistes.
Tant pis pour l’intérêt général, l’eau potable, les milieux naturels !
Les résultats scientifiques, les alertes des syndicats paysans, des producteurs d’eau potable, des associations environnementales et les puissantes mobilisations citoyennes de ces derniers mois ont toutes été ignorées.
Les 95% d’agriculteur·rices qui ne seront pas raccordé·es aux mégabassines et qui subiront le changement climatique pourront remercier le préfet d’avoir permis un nouveau tour de vis à l’étau des firmes agro-industrielles qui leur disent « produisez du maïs, avec nos semences, nos pesticides et nos engins ».Les citoyen.nes pourront remercier le préfet pour nos sols et zones humides qui s’assèchent, notre biodiversité qui s’effondre, notre eau qui devient imbuvable.
Quand les institutions sont mises au pas pour des intérêts privés, l’immédiate conséquence est la défiance de la population.
À l’heure où le partage et la gestion commune des ressources apparaissent urgente, le pouvoir macroniste prépare au contraire d’immenses conflits : entre agriculteurs, mais aussi entre la population et les institutions qui ont encouragé ces choix et en premier lieu l’État.
Les responsables de cette guerre de l’eau en seront comptables.
Des solutions existent pourtant. Paysan·nes, syndicats, associations, élu·es, citoyen·nes, chercheur·euses réfléchissent et expérimentent d’autres façons de produire qui permettent aux agriculteur·rices de vivre dignement, en préservant les milieux et en sécurisant un accès pour tou·tes à l’eau potable. Un Projet de Territoire et de Gestion de l’Eau d’initiative citoyenne se construit même sur le bassin du Clain. Pratiques agroécologiques, retour de l’arbre dans les champs, élevage de plein air, stockage de l’eau dans les sols, installation en masse de nouveaux·elles paysan·nes, création de circuits de transformation et de vente débarrassés des exigences capitalistes et capables d’alimenter les citoyen·nes et la restauration collective… C’est à tout cela qu’il faut urgemment consacrer des moyens financiers, techniques, démocratiques.”