Budget agriculture, ruralité :
Lors de la réunion de la commission Agriculture, Ruralité de lundi, j’ai exprimé mes préoccupations concernant les crédits restants pour la chambre d’agriculture, le salon “La Ferme s’invite” et les associations œuvrant dans ce secteur.
Récemment, le président de la chambre a lancé une alerte, soulignant la détérioration des relations avec le département, la baisse continue des crédits depuis le début du mandat et les exigences accrues imposées par le département.
Je suis particulièrement inquiète pour les petites associations aux moyens limités. Elles emploient des chargés de mission qui jouent un rôle crucial dans l’aide aux agriculteurs et la préservation de la biodiversité en agriculture, essentielle pour la souveraineté alimentaire. Des emplois sont en jeu, et certaines associations risquent de devoir en supprimer à cause des décisions du département.
Budget action sociale :
il est déplorable que le montant de ces aides soit de seulement 50 €. Cette somme est si faible que les usagers risquent de ne pas avoir le courage de rassembler tous les justificatifs nécessaires pour une aide aussi minime.
Le budget de l’action sociale diminue de 19 % par rapport au compte administratif de 2024. Nous ne pouvons pas approuver une telle régression sociale.
Je souhaite juste évoquer un exemple pour illustrer mon propos : les aides d’urgence, déjà dérisoires (70 €), subissent une réduction significative. Désormais, il est déplorable que le montant de ces aides soit de seulement 50 €. Cette somme est si faible que les usagers risquent de ne pas avoir le courage de rassembler tous les justificatifs nécessaires pour une aide aussi minime. Au contraire, le montant de cette aide devrait être augmenté, car les personnes qui demandent des aides d’urgence ont souvent besoin de beaucoup plus.
J’aimerais bien que les usagers puissent faire des dossiers aussi légers que ceux de l’association des internes en médecine générale ou du syndicat des jeunes agriculteurs, qui ont obtenu des subventions respectives de 3 000 € et 10 000 € avec un simple courrier, un budget prévisionnel et la promesse d’un stand ou d’une intervention des représentants du département. Il semble que le département n’a pas été aussi exigeant pour accorder des subventions à ces associations, malgré des dossiers quasiment vides, pour des sommes aussi importantes.
Budget famille/enfance :
Le département finance l’ARENA mais n’aide pas l’IDEF à la hauteur des besoins, et cette situation est tout simplement scandaleuse.
Une petite remarque : vous indiquez que le budget augmente de 3,59 % par rapport au BP 2024, mais en réalité, il n’augmente que de 1,33 % par rapport au compte administratif de 2024. Il s’avère que le BP 2024 a été sous-estimé par rapport aux besoins réels. Cela me laisse des doutes quant à ce nouveau BP 2025, notamment le budget prévisionnel pour les MNA (mineurs non accompagnés). La baisse importante les concernant est essentiellement due à une réduction des crédits pour payer l’hôtel, car ce public est souvent orienté vers les hôtels, comme le souligne le rapport parlementaire sur l’ASE (aide sociale à l’enfance).
Et d’ailleurs, ce rapport sur l’ASE, avez-vous entendu dans les médias ? Il décrit une situation générale catastrophique. Aucun département n’est épargné. Le département de la Vienne va-t-il prendre la mesure de la gravité de la situation ?
Dans le rapport, il est fait état de destins brisés, de droits de l’enfant bafoués. Le manque de moyens conduit à des situations complètement inextricables et dramatiques. Je ne peux pas croire que la situation dans la Vienne soit différente.
Concernant l’IDEF (Institut Départemental pour la protection de l’Enfance et l’accompagnement des Familles de la Vienne), j’avais alerté le département sur le cadre de vie des enfants à l’IDEF, ainsi que sur les conditions de travail du personnel. Lorsque j’ai demandé des précisions, on m’a simplement annoncé l’achat d’une maison à Mignaloux et la division du SAO (service d’accueil et d’orientation) en trois unités de huit places (au siège, à Mignaloux et à Châtellerault). On m’a également indiqué que l’IDEF devrait être en capacité de financer lui-même les travaux, car dans le prix de journée qui lui est alloué, une partie devrait être réservée aux investissements. Le département finance l’ARENA mais n’aide pas l’IDEF à la hauteur des besoins, et cette situation est tout simplement scandaleuse.
Budget santé :
Je ne vais pas m’attarder sur les détails du budget santé du département de la Vienne. Il est hautement critiquable et complètement déconnecté de la réalité (comme lorsque, par exemple, j’ai constaté le coup de rabot important sur les crédits en faveur des associations qui organisent des actions de santé publique. On m’a répondu que ces associations pouvaient très bien boucler leur budget en organisant des lotos ou en vendant des gâteaux).
On m’a répondu que ces associations pouvaient très bien boucler leur budget en organisant des lotos ou en vendant des gâteaux
Je souhaite me concentrer sur un enjeu essentiel : l’accès aux soins.
En France, 6 millions d’habitant·es sont sans médecin·e traitant·e, 8 millions vivent dans un désert médical. La Vienne, malgré une densité de médecins généralistes supérieure à la moyenne nationale, souffre d’un manque cruel de praticien·nes, particulièrement dans les zones rurales et certains quartiers urbains.
Ce problème réside principalement dans une répartition inégale des médecins sur son territoire.
Je tiens à signaler une avancée récente : l’Assemblée nationale a commencé l’examen d’une proposition de loi transpartisane visant à réguler l’installation des médecin·es pour mieux les répartir sur le territoire national. Bien que significative, cette initiative ne suffira pas à elle seule. Il est impératif de mener une politique volontariste et dynamique, à l’image de celle de la Saône-et-Loire.
En 2017, ce département a fait le choix audacieux de créer des centres de santé départementaux. Ce pari s’est avéré être un immense succès, comme me l’a confirmé son président, André Accary, lors des Assises des Départements de France en novembre 2024. Il est extrêmement fier de ce choix, qui a permis de transformer l’accès aux soins dans son département. En quelques années, ce nouveau service public a permis de recruter plus de 70 médecin·es salarié·es, judicieusement réparti·es sur le territoire. Aujourd’hui, 80 % de la population se trouve à moins de 15 minutes d’un centre de santé.
Chaque année, vous me renvoyez à la notion de rentabilité. Mais posons-nous la question : un service public, qui répond à un besoin vital tel que l’accès aux soins, doit-il être rentable ? Depuis 2009, en 16 ans, la Vienne a aidé 80 médecins à s’installer, soit une moyenne de 5 médecins par an. Cela a-t-il permis de résorber les déserts médicaux ? Certainement pas !
En comparaison, en seulement 4 ans, la Saône-et-Loire a recruté plus de 60 médecin·es. Ils et elles sont maintenant 74. Ce département a fait un choix politique clair et courageux.
la Saône-et-Loire a recruté plus de 60 médecin·es. Ils et elles sont maintenant 74. Ce département a fait un choix politique clair et courageux.
En ne répondant toujours pas à une demande croissante des médecin·es souhaitant exercer en tant que salarié·es, le département de la Vienne néglige une opportunité d’améliorer l’accès aux soins pour ses habitant·es.
Je le déplore profondément. J’aurais préféré voir le département ouvrir des centres de santé publics au service de la population, plutôt que de prendre des risques financiers pour soi-disant “soutenir l’économie” à travers des projets dispendieux et extravagants qui ne servent que des intérêts privés. Ces choix empêchent aujourd’hui le département de se consacrer pleinement aux solidarités, alors que les besoins ne cessent de croître. Il n’est jamais trop tard pour changer d’avis.
Florence Harris, élue au conseil départemental de la Vienne.