Michel, réfugié de la République démocratique du Congo, accueilli par les camarades du Sud-Vienne, vient de nous quitter, La Vienne Démocratique s’associe à la douleur des camarades et publie l’hommage rendu par Christian Zielinski.
« 28 ans, ce n’est pas un âge pour mourir !
Nous savons peu de choses sur l’enfance et l’adolescence de Michel mais les 8 dernières années de cette trop courte existence ont commencé par une répression policière d’une violence inouïe dans un quartier populaire de Kinshasa. Afin d’échapper à la mort, Michel fut obligé de prendre la route de l’exil en traversant depuis la République démocratique du Congo, 8 pays africains1 parcourant ainsi plus de 8 000 km pour enfin rejoindre la France 5 années plus tard en 2018.
Après 9 mois à Paris, il fut emmené au CAO du Vigeant en février 2019. Il était plein d’espoir. Maîtrisant la langue française et au regard des conditions de son exil, il espérait, avec raison obtenir le statut de réfugié.
L’état français, par la loi du 1er août 2018 appelée de façon fallacieuse loi pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie, en décida autrement.
Il fut, en été 2019, débouté du droit d’asile et soumis à l’obligation de quitter le territoire français.
Ainsi, cette rencontre avec Michel dans le Sud-Vienne fut ainsi relativement courte mais intense. Comme d’autres personnes des communes environnantes, les militants du PCF et du FDG Sud-Vienne étaient déjà investis dans l’accompagnement des réfugiés du CAO* du Vigeant. Je tiens à saluer cet élan de solidarité partagé, auquel se sont joints nombre de citoyennes et citoyens, associations, des maires et des élu.es de notre territoire.
Michel avait le sens du partage, de l’entraide. Au cours des séances d’apprentissage et d’approfondissement de la culture française, il tenait absolument à faire partager aux autres sa connaissance de la langue, il encourageait, valorisait et motivait ses copains devant les difficultés réelles que chacun pouvait rencontrer dans son apprentissage.
Michel avait soif d’apprendre, comprendre tous les aspects de la réalité de notre pays.
Il questionnait sur l’histoire, la culture, les coutumes, la politique, la vie quotidienne…
Avec les camarades du PCF et du FDG Sud Vienne, en particulier, Frances, Françoise, Martine, et d’autres, de nombreuses sorties et activités furent partagées avec nos amis citoyens du monde cantonnés au CAO du Vigeant. Michel y prenait toujours une part importante. Je pense en particulier aux séances de cinéma à Confolens. Michel était curieux de tout. Il nous suivait même dans nos activités militantes (rencontres, débats, distributions de tracts…).
Dans la continuation de ce que nous avions fait l’année précédente, en organisant un ciné-débat sur le thème des migrations, il prit une part active dans la préparation et le déroulement de l’édition 2019 de la Fête de l’Humain d’Abord à l’Isle-Jourdain. C’est à ce moment qu’il fit connaissance avec les jeunes communistes de la Vienne et en particulier lors d’un match de football qui est resté dans les annales.
Au grand regret de nous toutes et tous, il dut quitter le CAO en novembre 2019 ayant reçu l’Obligation de Quitter le Territoire Français. Mais fort heureusement grâce aux liens tissés, les jeunes communistes de Poitiers animés par Chimène prirent le relais, je dirais presque naturellement en accord avec la culture communiste et avec bien sûr l’aide concrète et effective de notre camarade Elsa.
Il fut ainsi accueilli à Bonséjour chez Elsa, Jean et Lenny puis à Poitiers chez les parents de Jean, sous la protection de Chimène, de ses jeunes camarades et aussi des camarades de la Fédération.
Pour ce qui concerne son séjour dans le Sud-Vienne, cette rencontre de tous les jours aura duré 9 mois. Quelle expérience, quelle leçon d’humanité, pour chacune et chacun d’entre nous !
Michel, avec les autres citoyens du monde cantonnés au CAO du Vigeant, nous aura enrichi, conforté dans notre volonté de lutter avec force contre cette vague intolérable de racisme, de xénophobie, d’antisémitisme et de haine qui inonde honteusement aujourd’hui le paysage médiatique et les réseaux sociaux.
Il nous aura aussi et surtout enrichi, conforté dans la nécessité de lutter pour une France hospitalière et fraternelle dans un monde de paix, d’amitié de solidarité entre les peuples.
Adieu Michel, et sache que ton souvenir nous accompagnera encore longtemps dans notre inlassable combat pour la libération et l’émancipation humaines. »