Hommages Mémoire

Hommage à cinq résistantes châtelleraudaises déportées

résistantes déportées de châtellerault
De g. à .d. : Jeanne Varenne, Léonne Beaugé-Jamain, Renée Moreau, Élianne Devergne, Louise Muller.

C’est à l’initiative de la section de Châtellerault de la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants Patriotes (FNDIRP) et de l’association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (AFMD), respectivement présidées par Nicole Pignon et Philippe Pineau que le projet a germé de rendre hommage aux cinq résistantes châtelleraudaises déportées. C’est la rencontre avec un artiste, Gilles Fromonteil, qui a débouché sur l’idée conductrice de l’œuvre : poursuivre le travail de mémoire, de culture de la paix qu’elles ont fait sans relâche jusqu’à leur dernier souffle pour qu’il n’y ait plus jamais de Ravensbrück.

Toutes les cinq n’étaient pas communistes, traumatisées par l’occupation allemande, elles se sont retrouvées unies par leurs sentiments patriotiques, une même volonté de résister à l’oppression et de construire un avenir meilleur. Léone Beaugé-Jamain, Renée Moreau, Éliane Devergne et Jeanne Varenne sont âgées de 19 à 20 ans, ouvrières à la Manufacture d’armes, elles s’engagent dès octobre 1940 dans l’action clandestine avec l’OS (Opération de Sabotage), FTP (Francs-Tireurs et Partisans). Au sein de cette organisation elles rencontreront Louise Muller dont l’époux est résistant à la Manu. Elles participeront à la confection et la distribution de tracts, à la collecte de fonds, à l’hébergement de militants clandestins, au ralentissement de la production, à la sortie d’armes et à la transmission des informations au sein des réseaux. Le 26 novembre 1942, c’est le déclenchement de la grève à la Manu pour s’opposer au STO (Service de Travail Obligatoire). Ce sont près de 2 000 manuchards qui entonnent la Marseillaise devant les bureaux de la direction Allemande. Leur vie bascule au printemps 1943, avec l’incarcération à la prison de la Pierre-Levée, puis le transfert dans les camps de Romainville et de Compiègne. Elles partiront le 22 avril pour le camp de déportation de Ravensbrück, en Allemagne. Elles y arriveront le 27 avril, où brutalement elles deviennent des bagnardes toutes vêtues de la (même) tenue rayée sur laquelle elle doivent coudre un triangle rouge*. C’est la déshumanisation totale, elles deviennent un matricule : Léone 19361, Renée 19360, Éliane 19359, Jeanne dans les 22000 et Louise 19362. L’enfer va durer jusqu’à leur libération, le 1er mai 1945. Pendant ces 2 années, la solidarité les a aidées à tenir, à survivre.

mémorial ravensbrück will lammert haute def

Ravensbrück, Mémorial, sculpture réalisée par le sculpteur allemand (communiste depuis 1928) Willi Lammert.

Pour mieux comprendre cet univers indescriptible, Gilles a fait le voyage à Ravensbrück où furent enfermés 120 000 femmes et enfants dont 92 000 y furent assassinés. Voici son témoignage et son explication du parti pris pour l’œuvre à réaliser : «  Un lieu de souvenir rempli des visages de ces femmes conscientes et courageuses qui se sont tenues fermement unies. Les bastonnades, les appels 3 fois par jour parfois dans neige et la glace. Voir ces centaines d’images de visages de femmes, de toutes origines, de tous âges, de toutes nationalités, de tous engagements. Dire cette solidarité vitale salvatrice, regarder ces cœurs serrés d’horreur. Voir un camp de concentration c’est être confronté à un innommable projet, tenu par une administration parfaitement rationnelle où tout est compté, documenté soigneusement administré au service de l’industrie de guerre.  Le monument que nous projetons d’élever ici, à Châtellerault parlera de cette réalité, qui est celle de tous les conflits. Les monuments célébrant les martyres de la dernière guerre sont souvent des stèles architecturales portant des noms, assez abstraits. Là, le parti pris que je propose, c’est de poser dans la ville un signe fondé sur des figures. Il s’agit de rendre compte, de donner à imaginer, ici sur le lieu de l’ancienne usine de la Manufacture d’Armes de Châtellerault.

Ce seront des figures, des corps drapés dans ces vêtements avec les bandes bleues et grises, des femmes qui sortiront des murs de cette usine et interpelleront le passant pour proclamer ici et ailleurs et partout le « plus jamais ça ». »

La contribution par souscription populaire de militants, de communistes de chacune et chacun qui est habité par une vision progressiste du monde est indispensable.

Le projet a reçu le label national dans le cadre de la célébration du 80e anniversaire de la Libération, il est soutenu par de nombreuses associations (anciens combattants, médaillés de la légion d’honneur…) et l’Éducation Nationale. Des demandes de subvention sont en cours auprès des collectivités territoriales (Département, Région). La ville de Châtellerault se limite, sans enthousiasme, à une aide technique.

La contribution par souscription populaire de militants, de communistes de chacune et chacun qui est habité par une vision progressiste du monde est indispensable.

Cette contribution est indispensable pour mener à bien ce projet mémoriel si utile dans cette période où comme l’écrivait Gramsci « Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » est indispensable.

Jean-Louis Moreau

Vos dons sont à libeller à l’ordre de ASSOC. FNDIRP Hommage aux Résistantes et à envoyer à « La Vienne Démocratique Hommage aux Résistantes » 140, Grand’Rue, 86000 Poitiers.
Ces dons sont déductibles de vos impôts.


* 70 % des femmes militantes politiques, syndicales, chrétiennes … portaient ce triangle rouge cousue sur leur vêtement.

Laisser un commentaire