Éditoriaux

Extrême droite et droite extrême

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Depuis déjà plusieurs années, Emmanuel Macron, son ancienne majorité et la droite nous avaient habitués à parler avec les mots de l’extrême droite, à utiliser ses thématiques privilégiées. Puis les macronistes se sont mis à gouverner comme elle : ignorer les corps sociaux, utiliser politiquement l’arbitraire préfectoral et la justice, réprimer violemment les mouvements sociaux… Et même à légiférer avec elle comme ce fut le cas pour la loi immigration.

Avec la dissolution de l’Assemblée Nationale, Emmanuel Macron a voulu parachever son œuvre en tentant de porter l’extrême droite directement au pouvoir. Mais son plan a été déjoué par le Nouveau Front Populaire et les électeur.ices qui ont écarté l’hypothèse Bardella premier ministre.

Malheureusement le processus d’union des droites rêvé par Zemmour et consorts était déjà bien trop avancé pour ne pas trouver la voie d’une alliance pour accéder au pouvoir. C’est ce qu’avait parfaitement illustré le ralliement du président des LR au RN dès le premier tour, choix finalement validé par l’électorat LR qui a très majoritairement préféré s’abstenir ou faire barrage à la gauche dans les seconds tours face au RN.

Macron a donc chargé Michel Barnier de constituer un gouvernement de droite extrême, avec la bienveillance et la complicité du RN.

Le message est clair, c’est une purge qui se prépare.

Rien de bien compliqué, il n’y avait qu’à piocher dans ce qu’ont produit de mieux l’illibéralisme de Macron et les années « manif pour tous » de LR. Quelques exemples :

  • L’ancien ministre du logement Guillaume Kasbarian, auteur d’une violente loi contre les pauvres qui a provoqué l’augmentation d’un quart des expulsions locatives, est promu à la fonction publique. Le message est clair, c’est une purge qui se prépare.
  • Anne Gennetet, députée quasi inconnue des Français de l’étranger, était à la tête d’une agence très néo-coloniale. Aux riches Français installés à Singapour elle explique par exemple que les congés payés ne sont « ni obligatoires ni recommandés » pour leurs employés de maison. La voilà chargée avec le ministère de l’éducation nationale de la plus importante cohorte de personnels de l’État. Quant à sa vision pour l’école, elle semble très proche de Gabriel Attal et son « choc des savoirs ».
  • Connu comme la plupart des ex-LR de ce gouvernement pour ses positions très réactionnaires sur les droits des femmes, des personnes LGBTQIA+ et des étrangers, Bruno Retailleau s’est vu confier la suite de Gérald Darmanin à l’intérieur. Avant même le discours de politique générale du premier ministre, il s’est laissé aller à la franchise : « l’État de droit, ça n’est pas intangible, ni sacré ».

On avait effectivement déjà bien remarqué que la bourgeoisie réclamait toute la rigueur du monde avec les classes populaires tout en se permettant à son avantage bien des largesses avec la loi. Toute la difficulté réside désormais dans notre capacité à instaurer un rapport de force suffisant à légitimer de la chasser du pouvoir. Et loin d’abattre l’état de droit pour parvenir à nos fins, réaliser concrètement toujours plus et mieux cette conquête des révolutionnaires Français contre les privilèges et pour les droits humains.

Hugo Blossier,
membre de l’exécutif départemental

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