Militante syndicale depuis longtemps et militante du Parti communiste depuis quelques années, Florence Harris travaille à l’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine. Depuis juin 2021, elle est aussi conseillère départementale, élue sous la bannière La Vienne En Transition, rassemblement des forces de gauche, avec Salimata Moussa, sa remplaçante. Elle a accepté de nous livrer un bilan de sa première année de mandat :
La Vienne Démocratique : Comment conçois-tu ton rôle d’élue ?
Florence Harris : Mon rôle, c’est d’alerter sur ce qu’il se passe partout où le Département est impliqué. Cela consiste à aller à la rencontre des habitant·e·s, des travailleur·euses, des agent·e·s, des agriculteur·rice·s, des responsables d’associations pour comprendre leurs problèmes, écouter leurs solutions et proposer ensuite des alternatives au Département. Mais en réalité, en tant qu’élue de l’opposition, mon pouvoir d’initiative est très limité. Bien que je le défende, je ne peux par exemple pas choisir que la politique départementale de santé se porte sur les centres de santé. Mais si des projets locaux émergent, je les soutiendrai à fond ! Et puis bien sûr, j’essaye aussi d’utiliser ce mandat et la visibilité qu’il apporte pour soutenir le mouvement social et le renforcer autant que je peux, parce que c’est de là que viendront les changements profonds de société.
VD : Comment est-ce que tu résumerais la politique que mène la majorité ?
FH : Le cas de l’Arena du Futuroscope est symptomatique de la politique du Département. Dans les motivations d’abord : ce « grand projet » (12 millions d’euros investis par le Département), c’est avant tout l’occasion pour les élu·e·s de la majorité de droite de se mettre en avant, parce que c’est électoralement plus rémunérateur que l’augmentation du budget de tous les services sociaux… Il faut que ça brille. Et puis dans la réalisation ensuite : l’Arena a été construite avec des fonds publics, mais elle est gérée par le privé. C’est toujours la même rengaine : socialisation des coûts et privatisation des profits. Et quand nous dénonçons ces choix politiques, la majorité départementale nous renvoie que ses positions seraient pragmatiques, tandis que les nôtres seraient dans l’idéologie et le dogmatisme…
soutenir le mouvement social et le renforcer autant que je peux, parce que c’est de là que viendront les changements profonds de société
VD : Quel projet politique défends-tu ?
FH : Je suis fidèle à notre programme : le progrès social et environnemental plutôt que la politique spectacle. Concrètement, il faut revoir les priorités. Est-ce qu’il est normal de dépenser 180 000€ pour voir passer la flamme olympique dans la Vienne quand plein de jeunes n’ont pas la possibilité de pratiquer du sport régulièrement ? Est-ce qu’il est normal de mettre 7 millions d’euros pour le projet du Château de Monts-sur-Guesnes (dont la viabilité financière est loin d’être assurée) quand les enfants en situation de handicap du collège de Saint-Jean-de-Sauves ne peuvent pas se rendre en cours pendant des mois parce qu’il n’y a pas d’ascenseur ? Il faut vraiment se recentrer sur le cœur de compétence des départements : le social.
VD : Comment se passe le travail au sein du groupe Vienne en Transition ?
FH : Avant chaque séance du conseil départemental, nous débattons sur les délibérations qui nous sont soumises car il nous arrive d’avoir des divergences, des priorités différentes. Cela me demande beaucoup de travail de préparation et d’argumentation. Mais nous nous retrouvons toujours autour du programme qui nous a porté·e·s. Sans ce rassemblement, il n’y aurait pas de gauche de rupture au Département et nous n’aurions pas pu mettre en lumière, comme nous le faisons aujourd’hui, les faillites de la majorité départementale. Notre travail porte ses fruits et commence à être connu et reconnu. Nous savourons nos petites victoires, qui nous l’espérons, augurent une grande victoire aux prochaines échéances électorales. Nous œuvrons avant tout au service des habitant∙e∙s de la Vienne.
Entretien réalisé par Pierre Beaufort