“Toutes les sociétés en déliquescence ont besoin d’un bouc émissaire. Dans la démocratie athénienne esclavagiste et impérialiste du Ve siècle, ce fut Socrate, dans le Moyen Age finissant du XVe siècle, l’Inquisition et la chasse aux sorcières, dans les années 30 en Allemagne les Juifs, aujourd’hui chez nous les musulmans, et particulièrement les femmes.
Les décrets gouvernementaux de l’ère Macron, approuvés par une droite en perdition, viennent d’interdire dans les écoles le port de vêtements traditionnels utilisés couramment dans les pays du Maghreb ou en Afrique de l’Ouest sous le prétexte qu’il s’agit de « vêtements religieux ». Or il s’agit en réalité de vêtements marqueurs de cultures différentes de la culture française traditionnelle, et accessoirement seulement de signes religieux.
La société française est-elle capable d’accepter le fait qu’elle est devenue, au fil de son histoire, une société composite, riche de ses immigrations ? Il semble que la tentation du repliement sur soi et de la dictature d’une certaine identité française passéiste et illusoire est encore là.
Dans la dictature théocratique iranienne, les mollahs veulent imposer aux femmes le port du voile, et la répression est féroce contre celles et ceux qui s’opposent à ces violations des droits individuels.
En France, dans cette ère du triomphe provisoire de la bourgeoisie capitaliste, dans cette démocratie en crise où les gouvernements successifs se sont coupés de la population et où les chefs d’états au service du capital atteignent des niveaux d’impopularité record, on tente de nous diviser en nous faisant croire que ce genre de décrets a pour but de sauver la laïcité, alors qu’il ne s’agit que d’un laïcisme, d’une idéologie reflétant plutôt les valeurs d’un athéisme militant que celles, de tolérance, héritées des Lumières.
Que ce soit en Iran ou en France, il s’agit bien de violations caractérisés des droits individuels, et c’est ce que devrait relever prochainement le Conseil d’Etat. Remarquons aussi que dans les deux cas, les personnes visées sont en priorité des femmes et des jeunes filles, et la dimension d’oppression patriarcale n’en est donc pas absente.
Il faut mettre au même niveau le fascisme des mollahs en Iran qui imposent le port du voile et celui de la droite française en perdition qui veut interdire ces tenues traditionnelles. Car ce qui est vrai pour l’école le deviendrait un jour ou l’autre dans l’espace public. Qu’on veuille habiller Amina en Iran ou déshabiller Djamila à Paris, il y a abus de pouvoir et oppression dans les deux cas.
Ne nous laissons pas abuser par ce chantage facile à la laïcité. Il ne s’agit que d’une diversion. Le but de ce pouvoir en fin de vie qui se croit triomphant est bien de nous diviser pour survivre le plus longtemps possible, alors que la superbe mosaïque que forme la société française peut, si elle reste unie, renverser ce système injuste et pervers pour jeter les bases d’une société nouvelle qui donnera à chacun les meilleures chances de construire ensemble le bonheur collectif.”
Cette publication est une contribution de Michel Caubet, adhérent du PCF de la Vienne. Les colonnes de notre journal sont ouvertes à tou·tes. Pour contribuer à votre tour, rendez-vous sur cette page.