Champs de bataille, L’histoire enfouie du remembrement, Ines Léraud et Pierre Van Hove , La revue dessinée Delcourt, 23,75 €
Cette nouvelle BD des auteurs d’ Algues vertes, l’histoire interdite présente leur nouvelle enquête, édifiante, qui s’appuie sur le travail de l’historien Léandre Mandard et une foule de documents présentés à la fin de l’ouvrage, sur une « guerre » qui est fort peu étudiée, voir connue, sans doute parce qu’aujourd’hui encore les dégâts ( humains et sur la nature) entraînés par le remembrement sont en partie responsables de la crise de l’agriculture française.
Pendant près de 4 ans, la journaliste est allée à la rencontre des témoins : quelques uns se sont opposés au remembrement (et l’ont payé cher jusqu’à l’internement psychiatrique pour certains).
Seuls le groupe communiste et un député socialiste montrent au Parlement les conséquences néfastes et un syndicat, le MODEF, défend les intérêts des petites exploitations.
Les interviews, en particulier de Bretons et de Limousins, sont souvent poignantes. Les raisons de cette politique et de ceux qui l’ont portée à tous les niveaux sont mises à jour.
Par exemple, Jean du Dressenay, châtelain, royaliste, fervent soutien du Maréchal Pétain (en 1941 une loi permet le remembrement) , devient après la guerre président de la FDSEA de Loire Inférieure (aujourd’hui de la Loire-Atlantique ) et œuvre pour le remembrement. A la Libération, les mêmes continueront leur action avec l’aide de banques et mutuelles mais aussi de l’appareil d’État (Jean Monnet, De Gaulle, Pisani qui fera amende honorable plus tard, les présidents de la République à la suite).
Seuls le groupe communiste et un député socialiste montrent au Parlement les conséquences néfastes et un syndicat, le MODEF, défend les intérêts des petites exploitations. Par contre la FNSEA a un lourd bilan depuis le départ : le premier syndicat agricole de France dont le Président actuel dirige une exploitation de 700 hectares et est à la tête de plusieurs grands groupes de l’agroalimentaire a toujours servi les intérêts des « gros » propriétaires
Aujourd’hui, on replante les haies et l’agroécologie tente de jouer son rôle dans la défense de la planète mais « l’austérité » gouvernementale risque de lui couper les ailes …
Une BD à lire absolument !
à se procurer dans les librairies indépendantes
Françoise Poteau