“« La Vienne connaît une sécheresse sans précédent, parce que l’eau ne coule pas de source, parce qu’elle est précieuse, indispensable et rare, économisons-la », répète sans relâche le répondeur téléphonique du Grand Poitiers. La collectivité n’a pas voulu s’associer au protocole, non par opposition de principe au fait de prélever de l’eau de novembre à mars pour l’utiliser le reste de l’année, mais « parce que ce projet est mené à l’envers avec une forme de gouvernance que nous avons découvert à la dernière minute et qui ne nous plaît pas », affirme Laurent Lucaud (PCF), vice-président de la communauté urbaine.
A la demande de l’Etat, une étude importante – dite « Hydrologie, milieux, usages et climat » (HMUC) – est engagée sur l’état de la ressource – devenue moins disponible et contaminée par les pesticides dans la Vienne –, mais ses résultats ne sont attendus qu’en 2023. « Ce travail scientifique pourrait servir à déterminer où les bassines seraient supportables pour les milieux aquatiques, pour quels volumes et quels usages. Le préfet a préféré annoncer d’abord que le protocole pour l’agriculture irriguée vaudrait ensuite PTGE [projet de territoire de gestion des eaux ] ! Il s’agit d’une affaire publique d’intérêt général. Ce n’est pas le cas pour l’instant, même si l’accord contient des éléments importants et novateurs. » L’amélioration des pratiques au regard de l’environnement demandée en retour aux exploitants y est détaillée, mais il n’est pas prévu de budget pour l’accompagnement ou le contrôle, ni pour l’application d’éventuelles sanctions, selon Laurent Lucaud.
Le « désastre environnemental actuel » l’inquiète beaucoup, le déficit de précipitations atteint désormais 45 %. « Nous avons encore moins d’eau qu’en août, 1 500 kilomètres de rivières sont à sec. C’est du jamais-vu, nous ne savons pas combien de semaines nous allons encore pouvoir fournir de l’eau potable. On ne peut pas envisager de stocker le surplus en hiver dans ces conditions, mais seulement le surplus du surplus », estime l’élu.”