Le 23 septembre 2022 était soumise au vote des conseiller.ère.s départementaux.ales une nouvelle version du Projet de Territoire Agricole Irrigant (PTAI) qui prévoit la construction de retenues de substitution (bassines) dans le bassin du Clain. Comme pour la première version, Florence Harris et ses collègues de La Vienne En Transition se sont prononcé.e.s contre celle-ci. Elle a pris la parole pour expliquer ce choix.
Nous, élu·e·s Vienne en Transition, nous sommes engagé·e·s sur un programme pour une transition agricole et ce protocole d’accord n’est toujours pas à la hauteur des enjeux. Si on devait le résumer sur son contenu, c’est pour les quelques exploitation qui sont concernées : « Donnez-nous de l’eau, on fait des concessions à la marge, et continue tout comme avant ! » Et cela pose la question de votre implication dans les discussions qui ont eu lieu : quelles ont été les exigences du Département ?
Comme je l’ai déjà dit, le projet tel que présenté est très loin de faire consensus chez les scientifiques comme chez les agriculteurs. Cette version du protocole d’accord acte comme la précédente, le lancement des travaux avant que nous ne connaissions l’étendue des conséquences environnementales et avant même que nous soyons assuré·e·s que le projet soit viable : la première tranche se concrétisera sans que nous ne sachions si le projet sera efficace. On notera aussi que la logique qui se veut « fondée sur le résultat » prévoit des engagements modestes et dont les modalités de contrôle et les sanctions en cas de non-respect sont limitées. C’est donc ça le pragmatisme ?
Mais c’est aussi et finalement peut être « surtout » dans sa nature que ce projet est insuffisant. Je ne vous apprends rien en disant que l’enjeu est multifactoriel avec de fortes implications environnementales, économiques, sanitaires. Mais la question des retenues de substitution nous impose à considérer des questions de justice sociale et, nous avons tendance à l’oublier, démocratiques. On ne décide pas de l’accaparement de millions de mètres cube d’eau en contournant le débat citoyen.
Les volontés d’implications citoyennes à ce sujet sont énormes. Croyez-en mon expérience de militante syndicale : on ne parvient pas à réunir 7000 personnes en plein champs dans les Deux-Sèvres sans qu’il n’existe une profonde colère et une profonde volonté de changement. Tous ces gens ont bien compris que l’enjeu qui est sur la table c’est : « qu’est-ce qu’on produit, pourquoi on le produit, comment on le produit ».
Mais là non plus je ne vous apprends rien. Lors de l’échec de la tentative de conclusion d’un projet de territoire, la préfecture et vous-même avez bien compris que le seul moyen de maintenir le système productif tel qu’il est ne pourrait se faire qu’en se passant de la démocratie. Et comme à chaque fois qu’un projet d’une telle envergure passe en force et dans la précipitation, on se retrouve avec un résultat bancal.
La concertation entamée depuis de longs mois va dans le bon sens, je le reconnais volontiers. Et c’est précisément pour cela que nous devons l’étendre. Elle doit perdurer et intégrer davantage d’acteurs dans le cadre d’un projet de territoire. Ce sera une nécessité.
Avant de conclure, je tiens à vous rassurer. Je ne suis pas complètement défaitiste. Si vous avez accepté deux versions du protocole, j’ai bon espoir que vous saurez en accepter une troisième, qui, sous la forme d’un projet de territoire, sera j’en suis sûre encore plus cohérente !