Le 23 juin avait lieu une Commission Permanente du Conseil Départemental de la Vienne. Jean-Philippe Juin, délégué syndical de la fonderie Poitou Aluminium, est intervenu pour rappeler au Conseil départemental les besoins urgents qu’il est nécessaire de déployer dès la fermeture de l’usine. Car comme la plupart des démarches administratives sont dématérialisées, les fondeurs·ses, subissant la fracture numérique, risquent de ne pas avoir accès aux droits.
Florence Harris est également intervenue pour alerter le conseil départemental sur le fait que les moyens actuels ne seront malheureusement pas suffisants pour répondre aux besoins des 320 salarié·e·s qui vont se retrouver sur le carreau le 30 juin. Avant de rappeler qu’elle saura être vigilante et continuera à porter la parole des fondeurs autant que de besoin.
L’intervention de Florence Harris dans son intégralité :
« Aujourd’hui, nous sommes à 6 jours de la fermeture de l’usine de la fonderie de Poitou Aluminium. Le 14 avril, je vous ai déjà alerté∙e∙s sur le sort de ses salarié∙e∙s qui demandent de l’aide. On a l’expérience malheureuse de la fonderie fonte et l’histoire est en train de se répéter. Dans un article daté du 14 juin dans Centre Presse/La Nouvelle République, on note : “sur 248 salarié∙e∙s [de la fonderie fonte] qui ont signé un contrat de sécurisation professionnelle, seulement 48 ont retrouvé un CDI. Ce sont des cadres de direction et de production et des ouvrier·ère·s de maintenance. Les ouvrier·ère·s de production ne sont quant à eux que 6 alors qu’ils représentaient 80 % de l’effectif de la fonderie”. Avec la fermeture de la fonderie alu, ce sont 320 personnes qui vont se retrouver sur le carreau le 30 juin. Elles ont besoin d’accompagnement.
Alors que les services publics ferment à tour de bras et que l’accès aux droits est soumis à une conditionnalité numérique croissante (politique dont vous ne cessez de vous féliciter), je m’interroge sur l’accompagnement humain que le département saura déployer. Ni l’installation de la fibre optique d’ici 2025, ni la création d’une poignée de poste de conseiller·ère·s numériques, ni la proposition d’une micro-formation de quelques jours ne suffiront. Vous devez savoir que les fondeur·euse·s sont pleinement frappé·e·s par la fracture numérique : absence de connexion internet digne pour certain·e·s, de matériel informatique pour d’autres, de formation pour la presque totalité d’entre eux·elles.
Je veux aussi attirer votre attention sur le fait, qu’outre ces aspects pratiques, des centaines de personnes vont plonger du jour au lendemain dans l’incertitude, avec leur famille ; avec toutes les conséquences que cela implique sur leur santé mentale.
Je vous prie de croire que laisser ces gens seul·e·s face à leur écran d’ordinateur serait d’un cynisme sans nom.
Qu’avez-vous prévu pour les accueillir dans de bonnes conditions ?
A défaut d’avoir su peser sur l’État et Renault pour préserver l’outil industriel et les emplois, le département peut les aider, mais le veut-il ? Les motions n’ont eu aucun effet. Les fondeur·euse·e vont se constituer en association pour assurer un suivi et continuer à porter les revendications des salarié·e·s. Soyez-en sûr·e·s, je ne manquerai de faire remonter jusqu’à cette assemblée leurs retours d’expérience.
En solidarité avec mes camarades de la fonderie, je mets ce t-shirt qui avait été fabriqué l’année dernière et que vous avez pu voir alors que vous étiez en plein campagne électorale des départementales. »