La « mission santé » du Conseil Départemental a été présentée le 28 novembre dernier lors du débat sur les orientations budgétaires. Avec un budget de seulement 630 000€, elle n’est pas à la hauteur des enjeux.
Pire, elle ne constitue pas une politique publique de santé puisqu’elle consiste essentiellement à s’en remettre au secteur privé : incitations à l’installation pour les médecins libéraux, soutien aux urgences privées de Châtellerault, en relation avec de la télémédecine (service proposé par une startup) etc.
Plutôt qu’une « mission santé », Florence Harris a défendu une véritable politique de santé, en proposant d’orienter les fonds vers la création de centres de santé départementaux. Le dispositif a fait ses preuves : en Saône et Loire, deux ans après l’inauguration du premier centre de santé en 2017, 55 médecins avaient été salariés. Aujourd’hui, ils sont 70. Dans notre Département, depuis 2019, au total, 32 médecins libéraux se sont installés.
Bien que la Vice-Présidente déléguée en charge de la Santé se dise ouverte au sujet des centres de santé publics, elle a défendu « sa politique des petits pas » avant d’affirmer que « la différenciation entre le public et le privé pour la santé n’avait pas lieu d’être ».
Le chemin est encore long.
Intervention complète
“Ces orientations budgétaires ne présentent pas de réelle politique publique de santé. La « Mission santé » qui nous est présentée consiste à s’en remettre presque exclusivement au secteur privé, sans aucune prise en charge directe.
AIDE aux études, INCITATION pour l’installation de médecins libéraux, SOUTIEN aux urgences privées à l’hôpital de Châtellerault, APPUI à des associations, MISE EN RELATION avec de la télémédecine via une startup, etc.
Cela ne me poserait aucun problème si c’était efficace. Mais le moins que nous puissions dire c’est que les résultats sont très nuancés.
Je pense qu’il est grand temps que nous explorions d’autres pistes, et notamment celle des centres de santé publics. Ils ont fait leurs preuves dans d’autres collectivités, notamment en Saône et Loire où depuis 2017, 70 médecins y ont été salarié·e·s par le département (en parallèle de l’offre libérale).
Et pour cause, l’offre a de quoi séduire les professionnel·le·s : des horaires fixes, avec des congés (et donc la possibilité d’avoir une vie de famille), un temps de travail consacré à presque 100% à la pratique de la médecine, sans tracas administratifs, un exercice stimulant au sein d’une équipe pluridisciplinaire, bref, un cadre sécurisant et épanouissant.
500 000€, c’est le budget nécessaire pour monter un centre de santé public. Nous pourrions en monter un par an, le situer là où les besoins sont les plus importants, y mener des politiques de prévention, le lier à l’hôpital public… Nous avons là les moyens de mener une vraie politique publique de santé, efficace, et sans coût additionnel par rapport à ce que nous dépensons actuellement.”