La section de Poitiers et la fédération de la Vienne du PCF ont tenu à commémorer l’appel de Charles Tillon du 17 juin 1940 par une petite cérémonie et une déclaration à cette occasion :
“Cher.e.s ami.e.s et cher.e.s camarades,
Je vous remercie de participer à cette cérémonie ce matin, nous sommes en petit comité car les mesures sanitaires le préconisent encore mais nous avons tenu, devant ce monument de la Résistance et de la déportation, à venir commémorer un événement historique qui tient beaucoup à cœur aux communistes et qui mérite tant d’être plus connu et reconnu par toutes et tous, dans l’intérêt de l’histoire de notre parti et de celle de notre pays.
Il y a 81 ans, le 17 juin 40, depuis Gradignan, Charles Tillon, dirigeant du PCF alors clandestin et organisateur de la résistance communiste à travers les FTP, lance un appel à la Résistance.
Je vous en fait sa lecture :
“Les gouvernements bourgeois ont livré à Hitler et à Mussolini : l’Espagne, l’Autriche, l’Albanie et la Tchécoslovaquie… Et maintenant, ils livrent la France.
Ils ont tout trahi.
Après avoir livré les armées du Nord et de l’Est, après avoir livré Paris, ses usines, ses ouvriers, ils jugent pouvoir, avec le concours de Hitler, livrer le pays entier au fascisme.
Mais le peuple français ne veut pas de la misère de l’esclavage du fascisme.
Pas plus qu’il n’a voulu de la guerre des capitalistes.
Il est le nombre : uni, il sera la force.
Pour l’arrestation immédiate des traîtres
Pour un gouvernement populaire s’appuyant sur les masses, libérant les travailleurs, établissant la légalité du parti communiste, luttant contre le fascisme hitlérien et les 200 familles, s’entendant avec l’URSS pour une paix équitable, luttant pour l’indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes.
Peuple des usines, des champs, des magasins, des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins, aviateurs encore sous les armes, UNISSEZ VOUS DANS L’ACTION !”
Charles Tillon, Gradignan, 17 juin 1940”
Je crois qu’il faut noter plusieurs éléments et en premier lieu que ce tout premier grand et clair appel, est lancé depuis le territoire national et appelle à la résistance sur le sol français. Il se différencie en cela de l’appel du lendemain, celui du Général De Gaulle qui, depuis Londres, appelle les Français à le rejoindre. Mais c’est aussi un appel qui sera plus entendu et mobilisateur car diffusé par les militant.e.s de mains en mains malgré le danger.
Ces spécificités sont peut-être à l’origine des négations que subit cet appel. Négation d’abord par l’Etat qui préfère commémorer, officialiser, le seul appel du 18 juin. Négation du PCF lui même qui a longtemps préféré l’appel de Thorez et Duclos du mois de Juillet, plus conforme à la ligne de la IIIème internationale. Et enfin et surtout, négation de tous les anti-communistes qui s’acharnent à vouloir prouver que les communistes français seraient entrés en Résistance en juin 41 avec la rupture du pacte Germano-Soviétique. Ceux-là tentent souvent par le même coup de nier les luttes des communistes Français contre les facsimes des années 30 et pour l’Espagne Républicaine. Ils visent aussi à séparer les communistes de l’héritage fantastique qu’ils laissent à la nation à travers la victoire sur le facsisme et les conquêtes du CNR.
Réhabiliter cet appel c’est donc aussi et surtout perpétuer et ne pas laisser salir la mémoire des milliers de communistes qui ont payé le prix fort de la sincérité de leur engagement antifasciste et révolutionnaire.
La Vienne et Poitiers n’ont pas été en reste. Nous remettons tous les ans une gerbe au monument de la butte de Biard, où 128 résistants, communistes et âgés de moins de 30 ans pour la plupart ont été exécutés de 42 à 44. Je remercie d’ailleurs les JC d’être représentés aujourd’hui, l’engagement antifasciste des jeunes communistes est bien entendu aussi à mettre en avant, tant d’actes y compris dans la Vienne en font preuve. On retrouve à Poitiers, notamment grâce aux combats de la section et des ses élu.e.s, je remercie Kentin Plinguet de les représenter ce matin ici, de nombreuses marques de cette histoire à travers les noms de monuments et rues : la résidence René Amand, le collège France Bloch Sérrazin, la rue Louise Lavigne ou le parvis Cécile et Henri Rol-Tanguy (Auquel nous avons fait ajouter le prénom de Cécile tout dernièrement)…
Je profite de notre présence ici pour évoquer un autre événement dont nous commémorerons dans quelques jours le douloureux 80ème anniversaire. Le 22 Juin 1941, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union Soviétique, les nazis, avec la complicité du gouvernement de Pétain et de sa police, décident une rafle d’envergure en zone occupée, visant les militants et dirigeants communistes, 1000 furent arrêtés. Dans la Vienne ces arrestations eurent lieu le 23 juin, 33 camarades en furent victimes, arrêtés par des policiers Français. 14 seront déportés à Auschwitz et 11 y perdront la vie, 6 seront déportés à Sachsenhausen (2 y sont décédés), et 3 à Buchenwald (tous trois y sont décédés). C’est le fameux convoi dit des “45000”, en référence aux matricules attribués par les nazis à ces résistant.e.s. Les communistes de Châtellerault organiseront un petit événement à cette date symbolique, ils y présenteront aussi leurs travaux autour du centenaire de notre parti.
J’en profite enfin pour signaler une autre cérémonie qui se tient tous les ans à l’initiative de l’Association pour la Mémoire de la Résistance, de l’Internement et de la Déportation en pays Mélusin, elle aura lieu cette année le 26 juin (et non le 27 comme habituellement, pour cause d’élections) et commémorera la libération du camp de Rouillé puis rendra hommage à Vaugeton aux 31 résistants massacrés en forêt de Saint-Sauvant.
Samedi dernier encore nous manifestions contre les idées d’extrême-droite et pour une république sociale. Nous redisions, dans les conditions d’aujourd’hui et dans le climat nauséabond qui règne en France que la division du peuple, la mise en concurrence des travailleurs, l’asservissement à la grande bourgeoisie, les discriminations, la haine n’ont pas leur place dans notre pays et qu’il est grand temps de donner un souffle nouveau à la République pour plus de liberté, plus d’égalité et plus de fraternité.”
Hugo Blossier
secrétaire départemental du PCF