Comme à chaque nouveau projet de loi de finances depuis 2017, le monde de l’Économie Sociale et Solidaire sait à quoi s’attendre. Le couperet du gouvernement Barnier vient de tomber et il est très violent. Le budget qu’il a présenté à l’assemblée pour 2025 prévoit une réduction de 8,26 milliard d’euros, le quart du budget du secteur. Ce sont environ 186 000 emplois qui sont en danger et des centaines de structures déjà en difficulté qui seraient encore plus fragilisées.
l’emploi n’est vraiment pas la priorité du président et de son gouvernement
Via les Directions Départementales de l’Emploi, du Travail et des Solidarités, le gouvernement demande déjà aux associations qui ont un chantier d’insertion de changer leur modèle économique en passant de chantier, à entreprise d’insertion. Évidemment les financements publics sont inférieurs. Selon les type de contrats d’insertion, les aides de l’état peuvent être réduites de moitié.
Si nous en doutions encore, l’emploi n’est vraiment pas la priorité du président et de son gouvernement.
Mais l’Économie Sociale et Solidaire ce n’est pas que l’insertion. C’est aussi l’indispensable solidarité, que l’on connaît bien du Secours Populaire à la Cimade en passant par les épiceries solidaires. C’est la démocratie exercée dans l’entreprise comme dans le modèle des SCOP, qui ont aussi chassé les actionnaires de l’entreprise devenue non-lucrative. Ce sont les coopératives d’activité et d’emploi qui remplacent l’exploitation en auto-entreprenariat…
Bien sûr ces exemples sont confrontés à de nombreuses limites. Pire, leurs dérives sont parfois profondes, pensons par exemple aux véritables groupes financiers que sont devenues la majorité des mutuelles. Mais ils n’en restent pas moins porteurs de valeurs qui affrontent l’ imaginaire hégémonique du travail et de l’entreprise capitalistes. Ils sont donc autant de points d’appuis à identifier, à analyser pour la lutte idéologique et à mettre en pratique pour faire de l’ESS un levier révolutionnaire. Un levier vers une société démocratique où les entreprises doivent répondre de leur finalités et de leur modes de production devant le peuple.
Aurélien Longé-Létang,
Co-secrétaire de la section Châtellerault-Loudun,
membre de l’exécutif départemental