Dans le cadre de leur opposition au projet d’implantation d’une école d’ingénieur privée, en concurrence directe avec l’Université de Poitiers, les élus communistes se sont exprimés au Conseil Communautaire de Grand Poitiers :
Madame la Présidente, Chers collègues,
Je souhaitais intervenir pour rappeler à cette assemblée l’avis émis par l’Unité de Formation et de Recherche en Sciences Fondamentales Appliquées (UFR SFA) de l’Université de POITIERS. Cet avis a été émis par l’intermédiaire d’une motion adoptée à l’unanimité par le
conseil plénier du 17 mai 2022.
Que trouve-t-on dans cet avis ? On y trouve avant tout de l’incompréhension face à la volonté des collectivités territoriales d’encourager l’installation et de financer sur des fonds publics l’implantation d’une école d’ingénieur privée. Une incompréhension renforcée par le fait que
l’implantation de l’ESIGELEC, permise et rendue possible par des fonds publics, vient concurrencer directement, contrairement à ce qui est publiquement déclaré, plusieurs formations de l’UFR SFA. Il ne s’agit en aucun cas de complémentarité et de diversification, mais bel et bien de concurrence qui risque de mettre en péril la pérennité des formations publiques.
On y trouve aussi du regret, celui du manque de concertation en amont avec les responsables des formations concernées, celui de l’absence d’informations et de discussions. Tout ceci vient renforcer le sentiment d’ingratitude, et le manque de considération de la communauté enseignante, qui comme l’a rappelé le Directeur de l’UFR SFA n’a de cesse d’adapter en permanence les formations aux besoins du monde socio-économique. Voilà la reconnaissance de tous les efforts déployés.
Les effets de l’implantation de l’ESIGELEC ont été décrits au préalable, le 14 avril 2022 par l’intersyndicale FSU, CFDT, CGT, UNSA, Sud. Dans son communiqué l’intersyndicale alertait sur la fragilisation de l’Université de POITIERS, sur la fragilisation de ses relations tissées
avec l’environnement économique local, celle de ses formations, de ses laboratoires. A terme l’accès à l’enseignement supérieur de haut niveau pour toutes et tous, y compris pour les étudiantes et étudiants d’origine modeste risque d’être compromis. C’est ce qu’offre l’enseignement public, c’est ce qu’il permet : l’application réelle et concrète des valeurs républicaines. A qui s’adresse une école où les frais scolaires s’élèvent entre 5 000 et 7 500 euros par an ?
Malgré toutes ces alertes les collectivités territoriales continuent à rendre possible l’implantation de cette école privée et notamment par l’attribution de subventions ce que s’apprête à faire la notre à hauteur de 350 000 euros.
Nous, élus communistes réaffirmons notre attachement à un service public de l’enseignement supérieur et de la recherche et nous nous opposons aux mécanismes qui font de l’insertion professionnelle un champ de concurrence supplémentaires entre les étudiants et les futurs diplômés. Ces mécanismes mettent à mal la “tradition universaliste” des universités françaises, accessibles à très bas coût. Cette tradition fait du modèle universitaire Français, une quasi exception. Par cette délibération nous contribuons à ce que petit à petit, l’idée d’un service public de l’enseignement supérieur et de la recherche soit abandonnée pour être remplacée par un système à l’américaine : établissements à plusieurs vitesses, études supérieures payantes et financement de la recherche par contrat à la suite d’appels à projet chronophages.
Nous demandons à ce que le vote de cette subvention soit dissocié du reste de la délibération afin de voter contre.