Des personnalités du monde politique, associatif, culturel poitevin ont pris l’initiative d’une lettre ouverte à la maire de Poitiers pour demander que le parc, partie intégrante du lieu, soit préservé. La Vienne Démocratique en publie de larges extraits.
« Ancienne demeure de l’écrivain, essayiste et journaliste Jean-Richard Bloch, la Mérigote est devenue une résidence d’artiste en 2019. Soucieuse de préserver tant le lieu que son histoire, ses descendants avaient fait le choix en 2005 de vendre cette maison afin que la Ville de Poitiers puisse mettre en place un projet culturel. Ce projet s’est concrétisé et permet d’une part d’accueillir des artistes dans un lieu de création et d’autre part de rendre hommage à Jean-Richard Bloch, son engagement, tout en préservant la patrimonialité du lieu.
Car l’Histoire a énormément marqué la Mérigote si chère à la famille Bloch. Tout d’abord de nombreux artistes de toutes disciplines ont séjourné dans ce lieu : Georges Duhamel, André Maurois, Berthold Mahn, Diego Rivera, Trude Geiringer, etc. ainsi que Louis Aragon qui vient personnellement en 1937 demander à Jean-Richard Bloch de l’aider à participer à la création du quotidien Ce soir. La Mérigote est aussi une terre d’accueil et d’exil pour des artistes pourchassés dans l’Allemagne nazie et l’Espagne franquiste… La Mérigote est aussi un lieu ayant connu un destin extraordinaire pendant la Seconde guerre mondiale. Alors que le couple Bloch est contraint à l’exil en URSS en 1941, la maison est mise en vente par le commissariat général aux questions juives en tant que « bien juif ». Des résistants poitevins auraient alors dissuadé un riche commerçant d’acquérir la demeure, qui était réquisitionnée par la Wehrmacht. Un officier y a séjourné presque 2 ans, mais celui-ci, autrichien, francophile, plus lettré que nazi a compris l’importance du lieu et la richesse de la bibliothèque de la famille Bloch et en a préservé son accès… Enfin la Mérigote et son parc sont les lieux qui ont vu s’épanouir les enfants du couple Bloch, dont leur fille France Bloch-Sérazin, élève au lycée Victor Hugo, future chimiste. C’est à Paris, en 1941, qu’elle participe aux premiers groupes de résistance communiste de Francs-tireurs et partisans dirigé par Raymond Losserand, futur commandant des Forces françaises de l’intérieur. En mars 1942, France fera un court séjour à la Mérigote avec son fils Roland, pour la dernière fois. Quelques mois plus tard elle est arrêtée, torturée, condamnée à mort… France Bloch-Sérazin est guillotinée à Hambourg en février 1943, quelques jours avant l’anniversaire de ses 30 ans.
La Villa Bloch est à ce jour un lieu unique à Poitiers et rayonne bien au-delà grâce à ce projet culturel mêlant l’accueil d’artistes, parfois empêchés d’exercer dans leur pays, la transmission de la mémoire de Jean-Richard Bloch et sa famille avec son bureau reconstitué, la préservation d’un lieu hautement symbolique. Les temps forts qui s’y déroulent lors des journées de juin et lors des journées du patrimoine, les actions avec les artistes sur le quartier ou dans le reste de la ville doivent aller de mise avec l’ensemble du lieu. C’est pourquoi nous estimons que le projet d’activité de maraîchage, à des fins commerciales, la privatisation d’une partie du parc, ne doit pas être mis en place (projet ayant ému les descendants de Jean-Richard Bloch) … Il y va de la préservation de la mémoire du lieu, de l’histoire de la famille Bloch propriétaire jusqu’en 2005, du développement des activités culturelles et de l’accueil d’artistes lors de résidences de création nécessitant que le lieu lui soit pleinement dévolu. »
La pétition « DE LA MÉRIGOTE À LA VILLA BLOCH : CONSERVER L’ESPRIT ET LA MÉMOIRE D’UN LIEU » est en ligne sur le site change.org
Pour la signer, rendez-vous sur le lien suivant : https://urlz.fr/jZYi
ERRATUM : Depuis, la ville de Poitiers a annoncé revenir sur sa décision en ce qui concerne la partie commerciale et travailler avec la famille pour ouvrir davantage les lieux au public en conservant le projet culturel et mémoriel. Lire ici