Laurent Lucaud, Vice-Président de Grand Poitiers en charge de l’eau et de l’assainissement revient sur la fermeture du bureau de Poste de Lusignan.
Nous voterons contre cette délibération.
Nous voterons ainsi pour faire entendre notre voix face au mouvement engagé depuis quelques années maintenant par le groupe La Poste qui n’a de cesse de fermer ses bureaux.
Il reste aujourd’hui environ 5 300 bureaux de poste dits « de plein exercice » (qui proposent tous les services que l’on peut trouver dans un bureau de poste), alors qu’ils étaient encore 8 414 en 2017.
Et le plan stratégique prévoit d’en fermer la moitié d’ici 2025 au plus tard.
La Poste n’est pas une entreprise comme les autres : elle est signataire d’un contrat de présence territoriale conclu avec l’État et l’Association des maires de France. Elle est également investie par plusieurs lois d’une mission d’aménagement du territoire reconnue par la Commission européenne. La Poste est ainsi tenue à des règles d’accessibilité du service public, en particulier dans les zones rurales et les quartiers prioritaires de la ville.
Pour financer le coût de ce maillage géographique, La Poste est quasiment exemptée de contribution économique territoriale (cotisation foncière des entreprises (CFE) + cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE)). L’argent ainsi économisé en impôts est reversé au Fonds postal national de péréquation territoriale.
Cet argent devrait servir à maintenir les bureaux de poste ouverts. Mais, dans les faits, une bonne partie de la somme finance les travaux, équipements et rémunérations des « points de contact » externalisés. Ce fonds de péréquation sert donc avant tout à transformer des bureaux de poste en petits relais postaux. La Poste utilise donc l’exonération des impôts qu’elle doit aux communes pour fermer les bureaux de poste des communes.
La fermeture d’un bureau de poste entraine la mise en danger du maillage territorial des services publics et c’est ainsi qu’on renforce l’isolement d’un espace géographique donné, c’est ainsi que l’unité républicaine n’est plus respectée. Quand on ferme un bureau de poste, on accepte de rendre toujours plus dépendants nombre d’usagers. Quand on ferme un bureau de poste, on accepte que les usagers deviennent des clients. Et qu’importe la qualité du service.
En outre, ces fermetures s’opèrent majoritairement dans des zones où les services mis à disposition y sont jugés non profitables or c’est précisément et généralement dans ces zones et plus qu’ailleurs qu’ils sont le plus déterminants à l’ensemble des populations.
Mais fort heureusement, car il n’y a jamais de problème sans solution, les communes sont généralement invitées à faire une mutualisation de l’activité avec la mairie, sous la forme d’une agence communale voire intercommunale.
D’où les Maisons des Services Au Public, d’où les Espace France Services.
Pour être labellisée EFS, une structure doit notamment assurer la présence de six opérateurs : Pôle emploi, La POSTE, la Caisse Nationale d’assurance vieillesse, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, la Caisse Nationale d’Allocations Familiales, la Mutualité Sociale Agricole et trois administrations : l’Intérieur, la Justice, les Impôts ; et deux agents doivent être présents pour accueillir les usagers.
C’est cette forme de chantage, imposé aux territoires, que nous dénonçons. Devoir fermer un bureau de plein exercice pour accéder à la labellisation EFS, cette vitrine qui donne l’illusion d’un renforcement des services publics, mais cache en réalité une conception bien pauvre de ces derniers.
Il s’agit malheureusement d’un service dégradé : l’abandon des services de Chronopost, des mouvements de fonds supérieurs à 500 euros, de conseils bancaires pour les principaux… Comment nos agents, au nombre de deux, pourront-ils dans le même temps répondre aux sollicitations aussi diverses et variées ?
Ce qu’il faut comprendre dans le processus c’est que le conseil municipal de Lusignan a entériné la disparition d’un service public dit « de plein exercice » sur son territoire. Cette présente délibération demande à Grand Poitiers de devenir un sous-traitant de La Poste.
les jours heureux